Yuksek – « Away From The Sea »

Yuksek – « Away From The Sea »

Away From The Sea[Album]
02/02/2009
(Barclay/Universal)

C’est comme ça en musique électronique, comme ailleurs. Les générations se suivent, se respectent, s’inspirent, mais ne se ressemblent pas forcément. Pendant que EdBanger et Institubes squattaient de manière dictaturale la presse spécialisée en surfant sur une vague « french touch 2.0 » majoritairement parisienne, des producteurs provinciaux, tapis dans leur home studio de sous sol au beau milieu d’une rue calme et pavée, préparaient la relève, rêvant secrètement de ramener les égéries du moment au rang des vite oubliés. Parmi eux, Yuksek se place désormais en tête de cortège, fort qu’il est de ses remixes, maxis, consécrations live, et collaborations (Brodinski, Birdy Nam Nam…), prêt à libérer un premier album logiquement très attendu. En effet, trop nombreux sont ceux qu’on a pu mettre sur un piédestal avant même d’avoir entendu une seule note de leur oeuvre. Au mieux, ils justifiaient ensuite le buzz sur une partie de leur disque seulement. Yuksek, et plus particulièrement « Away From The Sea », vient donc répondre à une batterie d’interrogations persistantes

S’il s’en défend parfois, Yuksek pourra difficilement cacher plus longtemps son appartenance à l’époque. « Break Ya », qui ouvre les hostilités, ou plus tard l’entame de « Little Dirty Trip » (remixé ici par Vicarious Bliss) traînent à leurs chevilles tous les gimmicks qui ont fait les derniers (é)mois de l’électronique française, avec peut être cette finesse pop en supplément qui l’épaulera solidement tout au long de ces treize titres. Car sur un fil de mélodies tendu d’un bout à l’autre rebondissent de multiples influences n’entachant jamais la cohérence de « Away From The Sea »: l’ombre des Daft Punk plane incontestablement sur le single « Tonight », des relents disco remontent en surface via « A Certain Life » et « So Down (feat Chromeo) », le flow d’Amanda Blank (Spank Rock) colore « Extraball » d’un ton hip hop, « I Could Never Be a Dancer » assombrit temporairement le décor de ses élucubrations electronica

Et, par cette manie appréciable de ne jamais trop s’étendre, Yuksek, au passage excellent chanteur, va à l’essentiel au sein même de chacun de ses titres, décuplant ainsi leur puissance tubesque. Illustrations parfaites sur « Extraball », ou sur l’imparable « So Far Away From The Sea » qui devrait logiquement siffler aux oreilles de MGMT et d’Animal Collective version 2009. Rien qu’avec ces deux hits kick-balayettes, l’humble provincial fait rayonner toute sa technique, sa maîtrise et son insolente facilité sur un album qui, sans autant de coups d’éclat, n’aurait jamais laissé transparaître son seul petit défaut: un léger déséquilibre, plus évident en fin de tracklisting. Reste que « Away From The Sea » a tout pour plaire, dégagé qu’il est d’une vulgarité parisienne et putassière, restée piégée dans les mailles du périphérique

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1 Commentaire
  • stephane Kerjoant
    Posté à 20:55h, 11 janvier Répondre

    Mieux que l’album, à écouter (car d’une très très haute tenue) ses premiers eps et tous les remixes que ce monsieur à fait pour les autres !

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