Young Fathers – ‘Dead’

Young Fathers – ‘Dead’

Album / Big Dada – Anticon / 17.02.2014
Hip pop avant gardiste

En constante accélération depuis que se sont succédés ses deux Eps ‘Tape One‘ et ‘Tape Two‘, la machine Young Fathers tourne désormais à plein régime. La preuve avec ‘Dead’, un premier album qui n’installera finalement pas le trio écossais sur le trône d’un hip hop alternatif depuis trop longtemps vacant. En effet, incapable de se cantonner à un seul registre, Alloysious Massaquoi, Graham Hastings, et Kayus Bankole ont délibérément choisi d’approfondir leur approche et de s’offrir la plus grande liberté: celle d’évoluer plus que jamais aux frontières des genres pour ne jamais se laisser emprisonner.

Fort d’un métissage culturel et musical trahi par quelques élans tribaux, plus enclin à la mélodie tout en soulignant une évolution logique, Young Fathers fait plutôt de ‘Dead’ une magnifique terre de contrastes ou les productions sombres hésitent habilement entre hip hop et electro, avec toujours assez de rondeurs et de profondeur pour accueillir des incantations à la fois lumineuses, vibrantes, et redoutables d’efficacité, à mi chemin entre la pop et la néo soul. Une approche, des ambiances qui ne sont pas sans rappeler quelques illustres ainés, parmi lesquels Massive Attack (‘Just Another Bullet’) et plus généralement TV On The Radio (‘I’ve Arrived’ n’est qu’un exemple) dont Young Fathers pourrait sans peine être considéré comme l’équivalent hip hop.

A l’image de ‘No Way’ et ‘Mmmh Mmmh’, deux titres pour le moins opaques, ‘Dead’ ne se dévoile pas dès la première écoute, mais préfère révéler sa richesse chaque fois qu’on y revient et qu’on s’y enfonce. Alors, que ce soit dans la batucada martiale de ‘Low’, dans les plus sombres et oppressantes profondeurs de ‘Paying’ et ‘Hangman’, Young Fathers possède toujours ce don indéniable de faire jaillir la lumière là ou ne l’attend plus. Saisissant la moindre brèche, elle perce les morceaux à l’occasion de refrains bien amenés, parfois coincés entre deux couplets hip hop (‘War’), quand elle ne squatte pas l’intégralité de certains pour les noyer d’émotion (‘Am I Not Your Boy’), ou promettre de grands moments live (‘Get Up’).

Parfaitement complémentaires, les trois livrent là un album complet, intriguant, jamais superflu, reflet d’une force créatrice telle que leurs influences hip hop, soul, psyché et pop finissent par s’effacer au profit d’une personnalité musicale qui éclate enfin au grand jour. Balayant d’un revers de la main toute la médiocrité et la banalité à laquelle il aurait pu céder, Young Fathers signe incontestablement ici un des premiers grands disques de 2014, un album référence dont on n’a pas encore conscience.

‘Low’, ‘Get Up’, ‘Hangman’, ‘Am I Not Your Boy’


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