13 Nov 06 Trail Of Dead – « So Divided »
[Album]
13/11/2006
(Interscope/Universal)
Nombreux sont les groupes de rock à changer de cap, souvent pour casser la routine, encore plus pour répondre aux attentes d’un public qu’ils désirent encore plus large. Plus rares sont ceux parvenant à s’en tirer avec les honneurs. The Trail Of Dead n’a pas la réputation, ni le profil à s’adonner à ce genre de pratique. Mais le savoureux mélange d’influences empruntées à Fugazi et At The Drive In, entendu et approfondi tout au long de leur discographie, semble avoir fait son temps. Il fallait passer à autre chose, prendre des risques, se sentir renaître. Rassurez vous, le combo n’a cependant pas pris les chemins de la folk, ou du rock tendance, tous deux synonymes aujourd’hui d’alléchants paquets de biftons à la clé. Non, le quintet s’est juste permis de transposer sa forte personnalité, son incroyable talent, du rock qui tâche vers la pop: un virage plutôt couillu quand on sait à quel point les fans du groupe venaient se rassasier en énergie à chacun de leurs concerts.
Mais c’est une nouvelle fois le talent qui parle. The Trail Of Dead s’en tire à merveille, et risque fort de créer quelques incontinences en Angleterre, territoire pop par excellence. Pourtant, il faut avouer que l’entame de ce « So Divided » ne laisse pas indifférent, perturbe même ceux qui s’attendaient déjà trop vite à une nouvelle rasade de saturation, d’instruments sévèrement malmenés. D’abord gentillet, « Stand In Silence » laisse éclater ses mélodies, pourtant reconnaissables, au grand jour, puis s’offre soudainement un long break, sorte de marche empirique emmenée à coups de roulements de tambour et de cuivres, preuve que The Trail Of Dead possède encore beaucoup d’inspiration sous la semelle. La suite est du même acabit: « Wasted State Of Mind », faussement facile, n’a rien à envier aux classiques de la pop anglaise et se révèle tubesque entre ses parenthèses de percussions (au début) et d’accordéon (à la fin); « Naked Sun » va d’un blues cuivré à un rock planant et tendu, « Life » est emmené par un piano peu épargné, et le très intense « Sunken Dreams » s’achève en chorale. Entre temps, les texans laisseront derrière eux quelques titres plus conventionnels (« Gold Heart Mountain Top Queen Directory », « So Divided », l’acoustique « Witch’s Web », ou l’éxagérément sixties « Eight Days Of Hell »), autant d’hymnes que ceux cités précédemment
« So Divided », finement cousu, bourré de petits plus qui font la différence, prend donc l’allure d’un pari réussi. The Trail Of Dead a pris le risque de prendre tout son monde à contre-pied sans jamais laisser sa très forte identité au placard. C’est le signe des grands d’être ainsi capables de se révéler autant incontournables dans la sauvagerie d’antan que dans la finesse d’aujourd’hui. Dans le genre, le « Blow » de Ghinzu, plus poussé cependant, avait fait sensiblement le même effet il y a peu. Un indispensable de 2006, assurément
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