29 Mar 16 The Drones – ‘Feelin Kinda Free’
Album / Tropical Fuck Storm / 18.03.2016
Heavy noisy blues
Voilà bientôt deux décennies que les amateurs de rock crasseux respirent les particules fines émises par l’ascension de The Drones. En 2013, beaucoup s’époumonaient même devant la maîtrise affichée par le groupe tout au long de ‘I See Seaweed’ qui voyait soudainement l’essence punk-garage-blues du groupe diluée dans de nouvelles influences post punk et noise. A leur aise sur ce terrain de jeu plus grand, The Drones touchaient alors du doigt ce que beaucoup ont considéré comme l’apogée de leur parcours. C’est dans ce contexte mêlant impatience, curiosité et même un peu d’angoisse que débarque donc ‘Feelin’ Kinda Free’, véritable parti pris artistique sorti d’une terre rendue fertile.
Rien de totalement dépaysant pour autant. Le temps de ces huit titres quelque peu expérimentaux, les australiens restent fidèles à cette tension dont ils se font maitres depuis vingt ans. En elle, surgit toujours des mélodies marquées au fer rouge, une émotion palpable, le tout habilement arbitré par le chant d’un Gareth Liddiard à l’équilibre toujours aussi garanti. C’est donc clairement dans la production signée Aaron Cupples – compatriote et guitariste de Civil Civic – qu’il faut cette fois aller chercher la particularité de cette septième salve aussi déroutante que passionnante, à l’orientation inédite chez The Drones.
En effet, à l’image des sept minutes de l’entame ‘Private Execution’ plantant parfaitement le décor de cet album, jamais les guitares n’avaient été relayé à ce point dans les profondeurs des compositions du groupe. Traitées au point qu’on puisse parfois les penser absentes du débat, elles laissent toute la place à la basse et aux percussions, pleinement en charge d’un groove mutant, sombre et tendu, parfois menaçant, omniprésent surtout. C’est d’ailleurs le fil rouge du disque, le lien entre les multiples facettes exposées par un groupe libre, capable de se montrer bruitiste (‘Shut Down SETI’), minimaliste et dissonant (‘Taman Shud’, ‘Tailwind’), presque cinématographique (‘Sometimes’), ou mélodique et venimeux (les deux pépites mélancoliques ‘Then They Came For Me’ et ‘To Think That I Once Loved You’).
Radical, libre et à mille lieux d’un précédent album qu’il aurait été plus simple de dupliquer, ‘Feelin Kinda Free’ souligne – si on en doutait – la capacité de The Drones à prendre des risques et ne jamais revenir sur leurs pas. Déjà singuliers sur le grand échiquier du rock, ils poussent désormais le vice jusqu’à cultiver la différence au sein même de leur oeuvre, devenue définitivement imprévisible désormais.
‘Then They Came For Me’, ‘To Think That I Once Loved You’, ‘Shut Down SETI’
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