Powell – « Silent Clashes »

Powell – « Silent Clashes »

Silent Clashes[Album]
07/09/2007
(Yr Letter/Season Of Mist)

Tracer sa route… C’est ce que fait Powell depuis qu’il a vu le jour il y a maintenant un peu plus de trois ans. Et, à y regarder de plus près, on ne pourra pas dire que les manceaux ont chômé ou se sont reposés sur leurs lauriers, et cela même si leur tout premier disque récoltait déjà des critiques très positives de la part de la presse spécialisée française. Non, plutôt que de jouer la redite, Powell s’est cherché, a affiné son style, n’a pas hésité à prendre des risques, voire même à changer légèrement d’orientation sans pour autant se compromettre. Et il s’est passé comme un déclic, celui qui interviendra au même moment que le split courageusement édité par Yr Letter avec d’autres fleurons hexagonaux (Clumsy, Atomic Garden et Down To Earth). Là, on a découvert un Powell ragaillardi par le chapitre le plus pop de son existence (« Hundred Miles And Caffeine« ), désormais prêt à creuser l’exercice de composition pour y gagner en personnalité, et capable de pondre des titres aussi inspirés que « Amnesia In America » (présent sur un des deux bonus vidéo de ce disque)

Il était donc logique et légitime que Powell passe au cran supérieur, celui du premier album qui n’a cessé d’être souhaité et attendu à en lire les chroniques de leurs précédentes productions. Et cela n’est pas allé sans un coup de pouce du destin, ce « Silent Clashes » bénéficiant d’une distribution nationale, un avantage non négligeable que d’autres homologues plus expérimentés ne possèdent malheureusement pas encore. Et inconsciemment peut être, Powell justifie cela en propulsant dans les bacs des disquaires bien informés son disque le plus mature à ce jour. Car le groupe a pleinement digéré ses influences, ne renie rien du passé et, au contraire, a su tirer parti des erreurs comme des réussites d’antan, puisant dans la complexité des titres de « November Landscape« , dans les mélodies de « Hundred Miles And Caffeine », et l’intensité du split, tout en y ajoutant quelques prises de risque du plus bel effet

C’est en tous les cas ce que laisse penser « Room 65 », généreux, tendu et gueulard se permettant un break dance rock, autant héritage de longues écoutes de Q And Not U que clin d’oeil aux grosses machines rock commerciales de ces dernières années (visez plutôt l’Angleterre…). « Bad Loser » pose ensuite le deuxième parpaing de ce mur du son (qui ne s’achèvera qu’à la dernière note de « The Man Who’d Never Cried »), alternant couplets indie et refrains toute gorge déployée, avant que « One By One », plus posé, ne vienne calmer le jeu armé de belles mélodies et d’une belle complémentarité des deux chants, autre point sur lequel le combo semble avoir incontestablement travaillé. C’est d’ailleurs celle-ci qui donne ce statut de tube à « The End Of Me », imparable, vibrant, accrocheur et ponctué de riffs pyrotechniques bien plus marquant à l’écoute que sur le papier. Autre richesse, cette capacité qu’a Powell à alterner les ambiances, à oxygéner certains titres par des choeurs et breaks bien amenés, ou en passant de déluges saturés à d’autres moments plus épurés (« Sideways », « Foolishness »), preuves indéniables d’une maturité bien acquise

Powell passe donc l’étape du premier album avec brio, non sans quelques bénignes imperfections, et fait admirablement le pont entre la scène rock indépendante américaine des 90’s (Karaté, Fugazi, Engine Down…), la noise française du siècle dernier (Sleeppers, Portobello Bones, Condense…), et l’émo hexagonal d’aujourd’hui (Tang…). Du coup, Powell ne se voit adresser qu’un seul reproche de notre part: celui d’un tracklisting trop court à notre goût. Voilà qui ne laisse aucun doute sur l’enthousiasme que peut procurer ce « Silent Clashes ». De quoi faire un appel du pied à ce que les manceaux possèdent encore indéniablement sous la semelle..

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