Pord – ‘Wild’

Pord – ‘Wild’

Album / Solar Flare / 08.09.2014
Noise rock

Depuis 2002, Pord œuvre dans le bruit maîtrisé, celui qui vous chauffe les étiquettes et vous fait grincer des dents. Pourtant, dès ses débuts, il lui aura fallu patienter, tenter un premier album passé inaperçu, traverser plusieurs changements de line up, et s’octroyer un temps de recherche conséquent pour finalement affûter avec minutie un univers à grands renforts de sonorités stridentes comme de riffs lourds. En 2007, un maxi salué par les critiques autant que le public confirmait une recette en rodage mais bien trouvée, la même qui – quatre ans plus tard – voyait le trio lozérien enfoncer le clou avec ‘Valparaiso‘, un deuxième opus d’une noise bruitiste et complexe.

Au bout de milliers de kilomètres parcourus, presque autant de dates de concerts, et après un Ep ‘It’s Always Sunny Here’ (2014) annonciateur d’une suite aussi prometteuse que destructice, Pord s’est finalement enfermé au Rec Studio de Genève, et laissé le soin à Serge Morratel (Ventura, Tantrum, Knut, Basement…) de mettre en relief une nouvelle salve de sept titres sauvages et alambiqués, arrachés du fond des tripes, sans aucune anesthésie. Balayé de quelques vents rock n’roll plus forts qu’à l’accoutumée, ‘Wild’ grave définitivement la formule Pord dans le marbre: de ses convulsions électriques, un chant enragé dessine les contours d’un rock sinueux et bruitiste, orchestré avec maitrise et application par une basse hypnotique au service d’une rythmique mouvante, tandis que la guitare – elle – dissèque au scalpel ses riffs massifs et ses interventions acérées.

Des morceaux comme ‘Staring Into Space’, ‘I’m Swimming Home’, ‘What Are Tuesdays For?’ et ‘Pools ‘n’ Chicks’ sont alors livrés avec urgence, se disloquent avec précision dans une frénésie musicale tordue à souhait, tandis que ‘My Boody Galantine’ calme le tempo, change ses humeurs et vient nous faucher dans son final répétitif. Mais c’est sans compter sur le dernier titre du disque, ‘On The Couch’ et sa montée en puissance instrumentale développée en 11’25”, remarquable d’intensité jusqu’à épuisement du larsen. Au final, il ressort de chaque fragment de Pord toute la patience et l’application d’un groupe disséquant de manière chirurgicale chaque instant de ses compositions, mais qui sait aussi devenir brut autant que brutal. Sa maitrise, élevée par une production impeccable, fait mouche et façonne ‘Wild’ en album complet et cohérent de bout en bout. Brillant.

‘Staring Into Space’, ‘My Bloody Galantine’, ‘On The Couch’


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