Mickey Avalon – « s/t 82 »

Mickey Avalon – « s/t 82 »

s/t[Album]
31/10/2006
(Shoot To Kill/Warner)

De nos jours, on ne sait plus ma pauv’dame! Autrefois les rappeurs se démarquaient par un goût prononcé pour la bijouterie, les belles carrosseries au sens large, et voilà qu’ils se présentent désormais en jeunes paumés tatoués, maigrichons, presque maquillés, tenant un micro alors qu’on les croirait ne jurer que par le punk et la six cordes. Aurait-on enfin compris que le hip hop est plus une histoire de vécu que d’apparence? C’est en tous les cas ce que semble prouver Mickey Avalon, ce nouveau venu de la scène californienne se prenant pour Iggy Pop (en moins musclé) sur la pochette de son premier album éponyme

Car des choses à dire, ce jeune blanc-bec arrogant et androgyne en a dans sa besace, sa vie délurée y étant pour beaucoup dans son inspiration. Lui n’est pas du genre gosse de riche ayant décidé de dégueuler ses champagne parties. Non, les reflets de son histoire sont plutôt à chercher du côté de la prostitution et de la drogue, ses deux principales activités avant qu’il ne rencontre Existereo et Met Fly des Shapeshifters et qu’il ne s’essaye au hip hop. Une expérience qui se traduira par l’enregistrement de quelques morceaux, ici compilés, dont la qualité le sauvera de l’image trop réductrice d’ovni musical. Car le bougre a du talent, cultive sa différence et aura finalement réussi à séduire une grosse maison de disque. Lui qui était venu chercher le succès à Hollywood pour n’y trouver qu’une vie de déchéance..

Mickey Avalon, le zombie des rues de Los Angeles, tient donc désormais sa revanche, et peut quasiment se vanter d’incarner un certain renouveau de la scène hip hop californienne. Quasiment, car si ce premier opus n’est pas renversant, il transpire une personnalité artistique à part, épaulée par quelques productions généralement assez cheaps mais de qualité, signées par quelques beatmakers totalement inconnus au bataillon donnant définitivement une nette couleur rock à son registre (« Jane Fonda », « Roll The Dice »). Sa force? Proposer un hip hop spontané et frais, balancer quelques refrains de haute facture (« So Rich So Pretty », « Mr Right »), le tout relatant pourtant quelques histoires bien glauques tirées de son vécu (« Romeo And Juliet », entre autres, revient sur son passé de gigolo; il sort les crocs sur « Roll Up Your Sleeves »)

Pourtant, tout cela n’empêche pas le bonhomme de faire preuve de beaucoup d’humour. En effet, qui n’esquissera pas un sourire en l’entendant détourner « The Message » de Grand Master Flash avec un « It’s like a jungle sometimes, it makes me wonder that God must be one sick motherfucker » dés l’entame du « Waiting To Die » d’ouverture, se prendre pour Snoop sur le GFunk « Hustler Hall Of Fame », ou narrer ce concours de taille de sexe sur le titre caché « My Dick »? Même si découvert un peu tardivement, Mickey Avalon est donc sans conteste une des grandes surprises de cette année, bien que ce premier album éponyme soit encore loin de la perfection. Un argument qui rassure et effraie à la fois: on croise les doigts pour que cette spontanéité faisant tout le charme du personnage ne soit pas noyée à l’avenir dans une surproduction vers laquelle les majors savent si bien emmener leurs poulains… À découvrir absolument en attendant..

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