25 Oct 16 Goat – ‘Requiem’
Album / Sub Pop / 07.10.2016
Vaudou trip
Goat fait partie de ces groupes qui savent mieux que personne comment orchestrer une orgie sonore, montée en puissance d’une bouffée de délire au timbre strident et à l’allure décomplexée. Les deux premiers opus étaient forts d’un ésotérisme ritualisé, marqués du sceau vaudou, hypnotisants. Autant prévenir : ‘Requiem’ en déstabilisera plus d’un parmi les fans de la première heure de la tribu suédoise. Si le gène méridional afrobeat/world a toujours été inscrit dans l’ADN du groupe, ça en est même une constante, ici il s’empare du sceptre sorcier, prend le pouvoir et relègue le côté heavy au second plan.
En effet, Goat s’essaie là à un registre plus docile, plus contemplatif. Où étiré rime avec ralenti. Le trip est nettement rêveur, à l’inverse de la trempe surexcitée que ‘Commune‘ et ‘World Music’ envoyaient en pleine poire sans se démonter, mais perché toujours, aucun doute là-dessus. C’est leur meilleure signature, ils ne sont pas prêts de l’abandonner. Mais force est de constater qu’un changement de ton s’opère sur ‘Requiem’, qui se situe plus aux confins d’un grand Orient polymorphe qu’à une veillée psychédélique arrosée de petits lampions colorés au beau milieu du Grand Nord. Il faut attendre ‘Goatfuzz’ pour que s’éveille la ferveur qui peinturlurait leurs compositions précédentes. La méditation prend une autre tournure, le rythme s’accélère et les pédales de distorsion sont sous pression. Moment inédit, le morceau de clôture, ‘Ubuntu’, longue plage allocutive, présente un medley d’enregistrements divers et l’expérimentation sonne presque politique. Le final reprend d’ailleurs ‘Diarabi’, titre d’ouverture du premier album, façon de boucler la boucle ?
‘Requiem’ sonne le glas du style Goat tel qu’il avait été instauré, exubérant et fiévreux, et réalise une sorte de cérémonie d’adieu à l’hystérie collective qui animait leurs éclats de musique jusqu’alors, pour renaître sous un autre jour, modéré à défaut d’être flegmatique – sur album seulement, leurs scènes restent les messes excessives et délirantes qu’on leur connaît et qu’on adore. ‘Goodbye’, au titre ironique, en est sûrement l’exemple le plus probant. Goat tire une semi révérence avec ce virage à la Tinariwen version suédoise allumée ; une évolution à saluer car surprenante et téméraire, ce qui fait justement tout le charme de la bande débridée de Korpilombolo.
‘All-Seeing Eye’, ‘Psychedelic Lover’, ‘Goatband’
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