Freddie Gibbs & Madlib – ‘Pinata’

Freddie Gibbs & Madlib – ‘Pinata’

Album / Madlib Invazion / 18.03.2014
Hip hop

Disque basé sur deux trajectoires opposées, ‘Pinata’ est la concrétisation d’un projet en gestation depuis 2011, qui a vu Madlib et Freddie Gibbs se rapprocher lentement mais surement à mesure que leurs singles collaboratifs réduisaient l’attente de leur rencontre. Si le premier – producteur et surtout crate digger semblant trouver peu d’échos dans les milles et une nuances du hip hop contemporain – est bien connu des lecteurs de ce site, le second l’est surement un peu moins. Rappeur originaire de la petite ville de Gary dans l’Indiana, avec un timbre de voix très proche du défunt 2pac, il s’affiche depuis quelques temps comme un excellent représentant sudiste ayant raté deux ou trois wagons sur la route de la gloire, au nom d’une authenticité gangsta qu’il revendique d’albums en mixtapes. Mélomane en voie de disparition et aux nombreuses vies, Madlib accomplit ici un très beau travail, simple mais inimitable, qui tourne autour de boucles peu travaillés, assez brutes, qu’il livre en pâture à son nouveau complice. De là, Freddie Gibbs montre sa capacité à rapper sur à peu près tous les styles, sur les atmosphères d’été (‘Harold’s’) comme d’hiver (‘Bomb’), en célébrant la weed (‘High’), l’authenticité (‘Thuggin’) et les embrouilles (‘Shitsville’), comme autant de miscellanées reflétant sa personnalité immuable, soudainement projetée dans les manœuvres insondables de son acolyte contribuant à lui offrir une personnalité inédite. Cette ‘Pinata’ pourrait alors ressembler à un marasme, mais elle est pourtant très belle. Et même si on peut regretter cette légère surdose de cordes dans les derniers titres de l’album, rien ne vient vraiment le dévier de sa surprenante trajectoire. Venus tous deux d’univers très différents, Madlib et Freddie Gibbs ont créé là un terrain d’entente ou deux paradigmes de la culture hip hop se complètent pour aboutir à une fascinante osmose. Un moment de grâce qui renvoie autant à la simplicité de l’âge d’or, qu’aux perspectives qu’il ouvre pour les deux membres du duo.

‘Deeper’, ‘Harold’s’, ‘Shitsville’, ‘Thuggin’, ‘Shame’, ‘Pinata’


No Comments

Post A Comment