Don Nino – ‘The Keyboard Songs’

Don Nino – ‘The Keyboard Songs’

Album / Prohibited / 04.03.2016
Pop soyeuse

Chez Nicolas Laureau, la patience est une vertu : les compositions qui ornent le magnifique nouvel album de son projet Don Nino ne sont pas nées d’hier, mais à l’automne 2012, à la suite d’une tournée annulée. C’est là que le multi-instrumentiste a tissé la trame de ‘The Keyboard Songs’, déçu et ‘fâché’ au point d’ajouter un peu de difficulté à un exercice qu’il renouvelle déjà sans cesse depuis une quinzaine d’année. En effet, après avoir goûté à l’indie folk (‘Real Seasons Make Reasons’ et ‘On The Bright Scale’), aux reprises (‘Mentors Menteurs’), et avoir affiché de plus grandes ambitions à la sortie de ‘In The Backyard Of Your Mind‘, le parisien a continué de viser haut en s’imposant une contrainte, celle de composer son nouvel album à la seule lueur d’un piano, puis de les produire en y ajoutant quelques claviers analogiques vintages.

Mais sont arrivés le ‘Pink Renaissance‘ de son autre projet NLF3, le vingtième anniversaire du label Prohibited et la reformation enthousiasmante de Prohibition, autant d’événements qui ont mis Don Nino en retrait, assez pour lui laisser le temps de peaufiner dans l’ombre ses arrangements et son mixage. Les festivités désormais passées, et les guitares remisées un temps au placard, ‘The Keyboard Songs’ peut désormais laisser éclater au grand jour ses textures inédites, douces et aériennes. A bord, le capitaine s’est même offert les services du batteur Shane Aspegren (Songs Ohia, Bright Eyes, The Berg Sans Nipple) apportant à cette traversée la juste dose de groove qu’elle méritait.

En résulte donc une dizaine de déclinaisons pop très personnelles s’inscrivant parfaitement dans l’air du temps, plusieurs rappelant le mélange indie/jazz de Tortoise (‘That Kind Of Light’, ‘The Death Of Jean Seberg’), tandis que d’autres s’en vont réconcilier anciens et nouveaux pontes (‘My Invisible Tattoos’ transpire autant Pink Floyd que Tame Impala). Mieux encore, au milieu de quelques détours par Notwist (‘Wings’) ou le krautrock (‘It’s Not a Crime’), une poignée de titres imparables (‘Airplane Song’, ‘Like a Cat’, ‘I’ll Never Let You Go Too Far’) finissent d’élargir la palette de couleurs insoupçonnées d’un album finalement tubesque et lumineux, bien planqué derrière sa pochette trompeuse. Si on savait qu’il y entrerait tôt ou tard, c’est désormais une certitude : Nicolas Laureau fait partie des grands.

‘My Invisible Tattoos’, ‘Airplane Song’, ‘The Death of Jean Seberg’, ‘I’ll Never Let You Go Too Far’


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