IDLES – ‘Crawler’

IDLES – ‘Crawler’

Album / Partisan / 12.11.2021
Punk post-Covid

C’était en Février, j’avais froid et j’étais défoncé. C’est sur cette phrase à l’optimisme très modéré que s’ouvre Crawler. Un point de départ qui invite à remonter la pente, en rampant s’il le faut. La photo de couverture, signée Tom Ham, saisissante de puissance et de force esthétique, résume bien le nouveau tournant des anglais : s’il est apte à regarder dans le rétro, c’est à dire produire des titres uppercuts linéaires comme on les aime (The Wheel, Crawl!, Meds), IDLES vise aussi à éviter de foncer dans le mur de la répétition.

Là ou les deux albums précédents épousaient des thématiques homogènes, réfléchies en amont, Crawler voit le groupe explorer de nouvelles pistes sans projet préconçu, au gré des sensations, avec l’envie de remonter la pente. Celle des addictions, mais aussi des adversités globales, particulièrement élevées lors de l’enregistrement qui s’est tenu en pleine crise du COVID.

A notre grande joie, ce quatrième album est certainement celui qui voit le groupe de Bristol prendre le plus de risques musicalement, via l’épure (The New Sensation, King Snake) ou les directions prises. Ainsi, le single Car Crash, trahissant l’affection que Talbot porte également au hip hop, avait donné les teintes de cette nouvelle exploration, chargé par ses sonorités de bidouillages sur pédaliers mises en avant par la superbe production de Kenny Beats, connu pour avoir produit Slowthai ou Vince Staples. Même approche concernant The Beachland Ballroom, essai soul particulièrement réussi, porté par la ligne de chant la plus mélodique écrite par le groupe.

Mais on entend surtout au fil de Crawler le charismatique frontman s’essayer à de nouveaux timbres vocaux et prouver ainsi à plusieurs reprises qu’il peut donner autant de lui même dans un registre plus apaisé que celui qu’on lui connait, et conserver sa singularité tout en fuyant une redite particulièrement crainte au lendemain de la sortie d’un Ultra Mono devenu caricatural (MTT 420 RR particulièrement chargé en émotion, When The Lights Come On, Progress). Comme si IDLES, qui avait asséné au monde du rock un bon kick bien brutal dès son premier LP, gardait quelque hat-tricks en réserve, et une vraie capacité à se renouveler.

N’en déplaise aux cohortes de haters qui avaient accusé tour à tour le quintet de Bristol d’opportunisme après son live au Bataclan, et ses origines trop aisées pour faire office de porte voix crédible auprès des couches prolétaires, IDLES reste un des phénomènes rock les plus riches de ces dernières années. Le groupe réussit ici le tour de force de prouver son authenticité et son indépendance, avec la force d’impact d’un crash test ou d’un direct au foie, tout en révélant des ressources insoupçonnées, et autant de majeurs dressés d’avance à la face des trolls.

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A ECOUTER EN PRIORITE
MTT 420 RR, Car Crash, The Beachland Ballroom, Meds, Progress

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