Human Impact – ‘Gone Dark’

Human Impact – ‘Gone Dark’

Album / Ipecac / 04.10.2024
Noise rock indus

Changement climatique à l’accélération inquiétante, conflits alimentés en armement par des puissances occidentales schizophrènes, dénis démocratiques flagrants, montée quasi-généralisée de l’extrême-droite, effondrement de la biodiversité, populations droguées au digital et à la surconsommation, répression autoritaire de manifestations pacifiques… L’état actuel du monde permet difficilement de porter un regard réellement optimiste sur l’avenir, l’espèce humaine n’apprenant pas suffisamment de ses erreurs. En choisissant Human Impact comme patronyme pour leur nouveau projet, Chris Spencer (Unsane) et Jim Coleman (ex-Cop Shoot Cop) ont explicitement fait part de leur préoccupation pour cette thématique. Et en nommant leur second album Gone Dark, ceux-ci semblent vouloir nous alerter que tout va même de mal en pis. Son artwork à l’esthétique rappelant certaines affiches de films de SF du siècle dernier divise certainement : définitivement laid pour certains, totalement approprié pour les autres, celui-ci reste en tout cas cohérent avec l’aversion de Coleman – et de ses anciens camarades de jeu au sein des bien nommés Cop Shoot Cop – vis-à-vis des forces de police.

Comme ses prédécesseurs, Gone Dark nous fait très vite basculer dans un univers aux contours dystopiques à la Blade Runner, mais aux nombreux éléments pourtant bien ancrés dans le réel et sèchement envoyés par un Spencer toujours plus désabusé : ‘Watch your back when nothing improves / It won’t make a difference what they say‘ (Hold On), ‘This corruption is real / What’s left to steal / Taking all that you can / It’s just part of the plan‘ (Corrupted), ou encore ‘More Trash / What we couldn’t see / Lies clash / Now I’ve lost all trust in things‘ (Lost All Trust). Et quand le frontman y va de sa théorie sur le futur effondrement des infrastructures globales de télécommunication dans Collapse, on a du mal à lui donner complètement tort compte tenu de l’inévitable finitude des ressources naturelles et de notre appétit quasi-insatiable pour les nouvelles technologies.

Côté son, l’association Spencer-Coleman fait toujours autant mouche : alors que le premier décoche, l’air de rien, une ribambelle de riffs proprement ravageurs – dont il sera parfois extrêmement dur de décrocher (Hold On, Destroy To Rebuild) – tout en usant d’harmoniques tranchants et de ses ‘fameux’ vibratos générés en violentant son manche de Telecaster, le second distille ses nappes synthétiques, aussi métalliques que crasseuses, de quoi nous plonger dans un profond marasme. Suite au départ groupé de Chris Pravdica et Phil Puleo – trop occupés par Swans – la bande a fait appel à la section rythmique actuelle d’Unsane, à savoir Jon Syverson (ex-Daughters) derrière les fûts et Chris Cooper (ex-Made Out Of Babies) à la quatre-cordes, de quoi maintenir son statut de ‘super groupe’, mais surtout de garantir une puissance de feu à la fois phénoménale et presque galvanisante.

Car non, tout n’est pas complètement sombre et foutu pour les New-Yorkais. C’est même leur chanteur qui le dit, ou plutôt, l’aboie à plusieurs reprises : ‘Wake up or live on your knees‘ (Collapse), ‘Now is the time to resist‘ (Destroy To Rebuild), ou ‘Follow the sound… the future is now‘ (Corrupted). Faut-il donc aussi voir en ce nouvel album un manifeste à se révolter et à prendre soin des autres dans l’adversité ? Probablement. Mais on se dit également qu’après avoir traîné leurs guêtres ensemble depuis les années 80, et même partagé le même local de répétition, Spencer et Coleman étaient décidément faits pour s’entendre.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Collapse, Hold On, Destroy To Rebuild, Imperative

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