
14 Mai 24 Hot Water Music – ‘Vows’
Album / Equal Vision / 10.05.2024
Post hardcore
Alors que les histoires de trente ans deviennent généralement platoniques, quand elles ne virent pas au pathétique, d’autres savent entretenir la flamme jusqu’à l’envisager comme éternelle. Actif depuis 1993, Hot Water Music a passé ce cap et si le groupe floridien a connu logiquement des hauts et des bas, jamais il n’a fait son âge. Animé par la même authenticité qu’à ses débuts, la même facilité à aligner les tubes, il prouve une nouvelle fois avec Vows – dixième album lui aussi confié aux mains expertes de Brian McTernan – que sa marque de fabrique n’a pas pris une ride.
Défendue par les solides Chuck Ragan (guitare), Jason Black (basse), Chris Cresswell (guitare), George Rebelo (batterie) et Chris Wollard (guitare, toujours de la partie en studio), la bâtisse Hot Water Music ne se fissure toujours pas d’un iota en 2024. Dans son antre, on y trouve même un peu plus que ce qu’on vient habituellement chercher : non seulement, le groupe livre d’excellents morceaux inscrits dans son ADN post-hardcore (Remnants sur lequel opèrent discrètement Brendan Yates et Daniel Fang de Turnstile), des mélodies de guitare rutilantes (Chewing On Broken Glass), ces brûlots punk rock dont les refrains balancés par la voix rauque de Ragan se chantent à l’unisson, le poing bien en l’air (Menace, Searching For Light, Burn Forever); mais également des compositions particulièrement mûries qui, tout en passant le stade de l’interprétation instinctive, ne perdent jamais en efficacité (After The Impossible, Side Of The Road).
Suffisant pour marquer le coup d’un trentième anniversaire et d’un dixième album ? Il faut croire que non puisque Hot Water Music a sauté sur l’occasion pour organiser une petite fête et convier dans sa cours quelques amis triés sur le volet, faisant de ce Vows le plus accueillant de sa discographie. Près du buffet, on croise d’abord Dallas Green (City & Colour) venu apporter un peu de rondeur émo à After The Impossible, puis Thrice qui ne s’est pas fait prier pour afficher toute l’osmose possible entre les deux groupes (Fences). Plus loin, Popeye Vogelsang (ex-Farside) se voit honoré sur Wildfire en tant qu’inspiration revendiquée des débuts, avant que Hot Water Music finisse par ouvrir en grand les portes et s’en aille – aux côtés de The Interrupters – communier avec ses fans sur l’émouvant final Much Love adressé à ceux qui, durant 30 ans, ne lui ont jamais tourné le dos. Et ça ne risque pas de changer : parfaitement produit et frappé d’une inspiration sans faille, Vows démontre à son tour que rien ne peut freiner l’ascension du robuste Hot Water Music, pourtant lesté de plusieurs décennies dans le sac à dos.
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