17 Juin 12 Hot Chip – « In Our Heads »
Album
(Domino)
06/06/2012
Nerd pop
Se faufiler au milieu des filles, créer l’événement grâce à un déhanché toxique et des pas de danses ravageurs, pour finalement voir les yeux et les lumières vous adouber le temps d’une soirée. Autant d’intentions légitimes pour Joe Goddard, Alexis Taylor et toute leur bande, qui essayent album après album de briser la frontière entre leur table VIP et un dancefloor brulant qui les intimide autant qu’il les attire. Pour s’aider dans cette quête de consécration, nos compères ont mis au point une machine à danser qui, à coups de synthés euphoriques et de basses sournoises, dévastent depuis maintenant plus de dix ans les salles de concert du monde libre.
Avec « In Our Heads », le groupe affirme avec véhémence les fondamentaux de son style, surfant plus que jamais dans son petit univers personnel, au risque toutefois de sombrer dans une formule à succès qui nierait la répétition pour se soucier exclusivement des tubes. Ces derniers sont d’ailleurs légion, de l’introductif « Motion Sickness » au tonitruant « How Do You Do? » porté par une ligne de basse décomplexée, et les voix entrecroisées de Taylor et Goddard qui confèrent au morceau le statut de meilleur chanson de l’album. « Flutes » avec son traitement plus résolument techno, et le névrotique « Night And Day » complètent le tableau d’un disque qui se hisse sans mal au niveau des autres de par sa faculté à conquérir les foules.
Malgré cette indéniable efficacité qui est la grande force de Hot Chip, « In Our Heads » est aussi équilibré par un versant plus intimiste, qui semble cependant pointer les limites du combo dans ce registre. Ainsi, la guitare acoustique de « Look At Where We Are » intrigue au début avant de nous plonger dans une torpeur profonde, quand sur « Now There Is Nothing » c’est le chant maniérée et finalement irritant qui finit par nous achever.
Avec ce cinquième album, le groupe londonien continue sur la lancée de son plan de bataille visant le contrôle total de nos corps rendus possédés par ce groove séducteur. Cependant, les quelques errements du disque qui interviennent alors que la bande essaye de donner une direction inédite à sa musique, laissent suggérer une nouvelle donne. Goddard et Taylor semblent à leur tour prisonniers de la formule qu’ils ont contribué à créer. Malgré ces limites, « In Our Heads » reste néanmoins la meilleure image d’une rencontre fusionnelle entre un corps qui se déchaine et une musique qui se vit.
En écoute
En écoute intégrale
No Comments