Horsegirl – ‘Phonetics On And On’

Horsegirl – ‘Phonetics On And On’

Album / Matador / 14.02.2025
Indie rock

Phonetics On And On, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre. Celle entre les très jeunes membres de Horsegirl – l’une d’entre elles était encore au lycée au moment de la sortie de leur premier album – et Cate Le Bon, artiste que l’on ne présente plus, par ailleurs productrice ponctuelle et inventive de groupes aussi importants que Deerhunter ou Wilco. Une rencontre qui permet à Penelope Lowenstein, Nora Cheng et Gigi Reece, de révéler tout leur véritable potentiel créatif deux ans plus tard, après un Versions Of Modern Performance aux références certes impeccables (Yo La Tengo, Sonic Youth – Lee Ranaldo et Steve Shelley avaient d’ailleurs participé à l’enregistrement), mais dont la facture bruitiste n’était pas toujours totalement maîtrisée. Les trois Américaines avaient certes déjà un flair indéniable pour leur jeune âge. Mais il leur fallait certainement une interlocutrice aussi libre, imprévisible et fantasque que Le Bon pour trouver un sillon qui les rende indispensables.

C’est chose faite aujourd’hui, grâce à un changement de braquet majeur qui les voit désormais lorgner du côté de Young Marble Giants, The Raincoats, Faust, That Girl ou encore le Loaded du Velvet Underground. Influences certes plus légères et aérées, moins abrasives – encore que les envolées finales de Where’d You Go et Rock City prouvent qu’il reste quelque chose de leurs premières amours noise rock. Mais influences qui, cette fois-ci, vont comme un gant à Horsegirl. Si ce gant ressemble à une modeste mitaine estampillée d’un joli motif enfantin, la main qu’il renferme est sure d’elle-même, jamais maladroite ou empruntée. Il suffit d’écouter le violon hypnotique de In Twos ou les magistraux coups de batterie à contre-temps sur le final de Sport Meets Sound pour s’en convaincre.

Car là réside le charme paradoxal du trio : Phonetics On And On fait des tours de magie avec presque rien : des petites mélodies vocales charmantes et enjôleuses, des ‘da da da’ surannés, des interventions minimales de guitare au son clair qui ne ressemblent à aucune autre – comme sur la touchante ballade Julie : imaginez un représentation scolaire de fin d’année où une apprentie guitariste à la technique minimale promène instinctivement ses doigts sur le manche de son instrument pour accompagner le reste du groupe, devenant malgré elle le clou du spectacle…

Des idées DIY de cette trempe, Phonetics On And On en regorge tout au long de ses 38 minutes. Vous n’allez peut-être pas les remarquer tout de suite. Mais elles finiront par rendre l’album tout entier addictif, pour peu que vous perciez sa surface pourtant déjà si accueillante. Horsegirl évoque le monde de l’enfance, ses jeux et ses plaisirs simples. Et pourtant, il y a aussi une sagesse infinie qui s’exprime dans les prestations vocales apaisantes de Cheng et Lowenstein, que ce soit sur l’indie-rock enlevé de Switch Over ou la douce guitare acoustique de Frontrunner.  ‘In the morning when you’re sleeping / I can’t wait and I can’t wait to compromise’, y chante Horsegirl. Pour qui sera assez patient, Phonetics On And On ne décevra pas. Il est des compromis et des petites victoires du quotidien qui transcendent tout le reste de l’existence.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Rock City, In Twos, 2468, Julie, Switch Over, Frontrunner, I Can’t Stand To See You

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