Holy Fuck – ‘Deleter’

Holy Fuck – ‘Deleter’

Album / Last Gang / 17.01.2020
Disco rock analogique

L’année 2020 s’ouvre à peine, et déjà la musique de Holy Fuck impose cette réflexion : le salut passera probablement par la curiosité, la collaboration, la fusion, l’irréductibilité. Deleter marque le retour à des sonorités plus accessibles et une envie évidente de faire danser la planète.

On se gardera pourtant bien de taxer ce cinquième album – autoproclamé festif et décontracté – de toute forme de facilité ou de légèreté. Tout d’abord parce que les expériences multiples des membres du groupe ces dernières années (B.O. de séries, de documentaires, collaborations avec Metz, Alvvays…) ont considérablement enrichi leur registre, et donnent une densité nouvelle au son de ce nouvel opus. Ensuite parce que Holy Fuck n’est pas un groupe de parti-pris ou de sillon. Rien n’intéresse moins Brian Borcherdt et Graham Walsh que les étiquettes et les chemins tout tracés. On pourra alors critiquer le manque d’unité de Deleter, mais pas sa curiosité ou son enthousiasme. Pour contrecarrer le risque de dispersion, le groupe a construit son album en deux faces, la première marquée par les collaborations aux accents ouvertement synth-pop, la seconde expérimentale, math et indus, beaucoup plus sombre.

Bien au-delà de sa seule voix, la présence d’Alexis Taylor (Hot Chip) marque profondément Luxe, le titre d’ouverture. On y retrouve les rythmes dancefloor trépignants et la mélodie atmosphérique qui innervent tout le récent album des londoniens. Chaque feat montre d’ailleurs le souci de fusion et la déférence de Holy Fuck pour ses invités, du swing minimaliste de Deleters avec Angus Andrews (Liars), à la mélodie baroque et éthérée de Free Gloss avec Nicholas Allbrook (Pond). Au milieu de ces collaborations taillées pour la danse, le groupe pose Endless, une de ses meilleures compositions, à la mélodie spatiale imparable noyée d’écho.

La seconde partie de Deleter est plus organique, se reposant sur son savoir-faire électro-analogique. Parfois intello, les titres évitent globalement l’écueil d’un son laborieux, froid et angoissant grâce à leur progressivité. De nombreuses comparaisons viennent à l’esprit à leur écoute, de Toy à Suuns, en passant par Beak ou Follakzoïd… Et si l’ensemble fait catalogue, c’est aussi cette capacité à faire une synthèse des nombreuses formes de fusions électro-rock qui se révèle intéressante : Moment captive par son entêtante double montée rythmique, Near Mint est un exercice de style bluffant et doux d’évolution mélodique sur un beat immuable, No Error et San Sebastian explorent la matière sonore dans son indistinction, la première par le biais des voix, la seconde par les machines. Au final, toutes ces expériences tissent un cosmos plus riche et maîtrisé qu’il n’y paraît.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Luxe, Free Gloos, Endless, Near Mint


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