High Vis – ‘Guided Tour’

Album / Dais / 18.10.2024
Hardcore pop

N’allez pas dire aux londoniens de High Vis qu’ils s’inscrivent dans le phénomène de popisation touchant le hardcore depuis que des groupes comme Turnstile ou Touché Amoré ont arrondi les angles et arrosé de mélodies un genre historiquement sans concession. En effet, depuis son apparition en 2016, la bande emmenée par le charismatique Graham Sayle n’impose aucune limite à son registre pourtant bâti sur les fondations hardcore érigées par chacun de ses précédents projets : ouvertement post punk en 2019 à la sortie d’un premier album – No Sense No Feeling – porté par les tubes Choose to Loose et Walking Wires, c’est un vent Madchester qui souffla il y a deux ans sur Blending, un deuxième LP en guise de validation qui poussa le quintet anglais dans les bras d’une popularité bien méritée.

Forcément attendu du fait du buzz entourant High Vis et son habituelle imprévisibilité, Guided Tour déboule à son tour avec son lot de surprises et de confirmations. En grande partie composé sur la route, enregistré lui aussi par Jonah Falco à l’ombre de son habituel studio, ce troisième album du combo anglais, introduit par son titre éponyme en guise de parfait trait d’union, souligne sa perpétuelle marche en avant et son éternelle quête de diversité. Si le background hardcore refait surface (Drop Me Out, l’engagé Mob DLA qui devrait causer aux fans de Turnstile), que la pop anglaise s’offre ici de nouvelles percées (Worth The Wait, Feeling Bless) et que le post punk rôde toujours dans les parages (Fill The Gap, Deserve It), Guided Tour tire de nouvelles cartes du jeu de ces anglais refusant catégoriquement de faire du surplace.

En effet, tout en suivant seulement son instinct, sans se fixer la moindre limite et sans aucune préméditation, High Vis fait encore évoluer sa musique, incontestablement plus riche et ambitieuse à chaque disque. Preuve en est le single Mind’s a Lie sorti en éclaireur, histoire de bien annoncer la couleur. Habillé d’arrangements electro, il est une énième démonstration que la musique du groupe est le juste reflet des musiciens qui la joue, Graham Sayle et le batteur Ski avouant porter une affection particulière à la techno comme à la house music depuis leur adolescence. Une énième façon pour High Vis de privilégier les émotions d’abord, avec pour conséquence secondaire un décloisonnement de la scène hardcore qui semble lui faire le plus grand bien aujourd’hui. N’en déplaise aux puristes qui, il y a une trentaine d’années déjà, ne comprenaient pas le mélange des genres opéré par Refused et Fugazi. Toutes proportions gardées pour le moment.