
17 Nov 20 Hey Colossus – ‘Dances/Curses’
Album / Wrong Speed / 06.11.2020
Rock
Définir la musique de Hey Colossus est un casse-tête. Bien qu’assidu à sa rhétorique répétitive, le groupe a toutefois pris l’habitude, à chacun de ses disques depuis ses débuts en 2003, de nous mettre en grand écart : un pied dans son rock sans âge et l’autre dans l’imprévisible. Plus que jamais décidés à retrouver le contrôle d’une production DIY délestée de myriades d’effets, les londoniens – réunis autour d’un line up recomposé où Joe Thomson et Robert Davis sont désormais seuls membres originels – ont pris leur destin en main en enregistrant eux-mêmes leur treizième chapitre, Dances/Curses.
L’initiative – sous l’accompagnement du fidèle Ben Turner – permet aux compositions d’opérer un virage plus direct, et ainsi donner un punch supplémentaire à ces nouveaux titres copieux. Car de la matière, il y en a. Dances/Curses se décline en un double album rempli d’atmosphères agitées qui prennent leur temps (The Eyeball Dance, Stylites In Reverse, U Cowboy, Blood Red Madrigal, Tied In A Firing Line) et d’autres plus radicales (Medal, Dreamer Is Lying In State, Revelation Day). Sans écarter le magistral Donkey Jaw au chant magnétique.
Toujours capable de réunir en un même morceau des décennies de rock, sûr de son fait jusqu’à réveiller le souvenir de The Smiths (Nine Is Nine) ou de se la jouer pop (Revelation day), Hey Colossus matraque son propos sans dissonance, allant même jusqu’à décliner en seize minutes A Trembling Rose, titre majeur en plongée obscure sur les terrains préférés du groupe. Et quoi de mieux que d’inviter Mark Lanegan, ex Queen Of The Stone Age et fan de la première heure, pour enfoncer le clou de sa voix rauque sur le magnifique The Mirror.
La largesse d’esprit de Hey Colossus lui permet encore d’agrandir son territoire d’exploration, complétant ainsi son vaste répertoire. Datée pour certains, intemporelle pour d’autres, sa musique reste cependant un incroyable champ de manœuvre, à chaque fois remodelé. Dances/Curses ressemble aux meilleurs crus des anglais, revigorés par leur nouvelle méthodologie et l’apport certain des nouveaux membres du collectif. Pari réussi pour ces hommes expérimentés qui ont toujours affirmé leurs choix au milieu des modes et des courants, donnant ainsi raison à l’affirmation de Joe Thomson : ‘Il est 100% temps que les groupes reprennent possession de leurs merdes’.
A ECOUTER EN PRIORITE
Donkey Jaw, Medal, Nine Is Nine, A Trembling Rose, The Mirror, Tied In A Firing Line
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