
18 Fév 25 Henge – ‘Journey to Voltus B’
Album / Cosmic Dross / 31.01.2025
Pop interstellaire
Il y a comme un vent carnavalesque qui souffle depuis peu sur l’esthétique de certains groupes indie : Goat, Snapped Ankles, Why The Eye, tous ont comme point commun leur goût pour un accoutrement pour le moins surprenant. Depuis les Residents ou DEVO, il faut dire qu’on avait un peu perdu de vue cette audace du costume comme révélateur de talent. Avec Henge, dont tout celles et ceux qui ont un jour assisté à une de leur performance live se souviennent, le bal sera masqué (ohé ohé) ou ne sera pas.
Avec ce quatrième album depuis leur première visite sur la planète Terre en 2018, les extraterrestres humanoïdes les plus cools (et perchés) de la galaxie nous livrent un sept titres idéal, foisonnant d’idées et porté par un hédonisme communicatif. Prog sans jamais se prendre au sérieux, faisant preuve de dérision sans jamais paraître dérisoire, Journey To Voltus B est un voyage qui ne ressemble à rien d’autre dans notre constellation. Pour en juger, il n’y a qu’à écouter cette utilisation du vocoder, dès le premier titre, qui produit un effet dont nous n’avions pas ressenti pareil frisson depuis le Intergalactic des Beastie Boys. En revenant vers les origines de la musique électronique (Kraftwerk en tête, ou même Space) sans renier sur une forme certaine de modernité, ce nouvel album contient au moins un vrai chef d’œuvre, spatial et planant : Hypersleep. Véritable odyssée soigneusement amenée par son prologue Slingshot, ce titre vaut à lui seul le voyage, sommet de space rock dont Pink Floyd ou Slowdive aurait vendu père et mère pour y accéder.
Loin d’être simplement un joyeux bordel poppy et électronique, le son du groupe laisse une grande place à la guitare dérangée et aventureuse de son leader, avec des influences math rock loin d’être ostentatoires. Il faut évidemment aimer les sons un peu cheap et l’autodérision pour adhérer à l’univers si particulier du groupe (le grand écart entre les harmonies éclatantes et les mélodies éclatées sur Welcome To Voltus, ou encore les arcanes de l’aliénant The Power of The Atom) mais rien ne saurait entériner le fait que nous sommes bien là devant un acte artistique généreux, musicalement amoureux et conceptuellement fort. Lorgnant vers la musique 8-bit (le dyptique Ascending / Descending), profondément psychédélique, Henge conquiert des territoires encore jamais explorés (ou si vite oubliés). Bref, si l’actualité de ces dernières semaines vous donne envie de fuir la Terre (mais pas à bord d’un vaisseau Space X), alors ce disque est fait pour vous.
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