Heimat – ‘Zwei’

Album / Teenage Menopause – Cry Baby / 07.05.2021
Indie ovniesque

Écouter ce nouvel album d’Heimat, c’est se confronter à l’incertitude, aux nombreux remous d’une musique inquiétante oscillant régulièrement entre la dangerosité et la séduction. Il faut, dès les premières secondes, accepter de se laisser guider par le vrombissement d’Ita, avant de s’enfoncer toujours un peu plus dans cette arrière pays imaginaire, à mesure que le chant d’Armelle s’élève dans une atmosphère de menace éternelle, pour finalement atteindre une contrée que le duo semble seul à même d’arpenter. 

Érigé il y a 5 ans, au croisement d’une envie toute simple et d’une pile de disques située entre le Laos et le Japon, Heimat – leur premier méfait – célébrait déjà l’étrangeté d’une rencontre manoeuvrée par les mains et l’esprit d’Olivier Demeaux, et la voix pleine de tragique d’Armelle Oberlé. Au milieu de cette alliance retrouvée pour ce second album, se dessinent des tonalités qui déplacent le curseur, que ce soit vers un riff indompté en ouverture (Ita), des percussions troublées (Baggersee), ou des effluves dub qui remontent tout au long d’Unterwegs. 

Tourné vers un ailleurs vibrant, l’album semble recentré autour d’une production plus ample, d’une géographie de références plus proches, et d’un folklore plus lancinant. L’Asie s’éloigne, d’autres paysages se profilent à mesure que le chant d’Armelle nous introduit dans des cérémonies étranges (Deine Frau, Tu Miedo). L’Europe n’est plus très loin, à quelques encablures des nappes lointaines qui se chargent d’habiter et de soutenir des vocalises hantées et habitées, invitant le corps et l’esprit à des réflexes oubliés : taper du pied petit à petit, au plus près de ses semblables, la tête pleine de ces sons et de ces mots incompris qui se font nécessaires à mesure qu’ils s’installent en nous, résonnant aujourd’hui et demain, bien plus fort que d’habitude.