Heads – ‘Heads’

Heads – ‘Heads’

Album / This Charming Man / 05.2015
Noise rock

Pourvus d’un jeu particulièrement massif, les berlinois d’Heads ne sont pas du genre à lâcher les fauves, le pied au plancher. Au contraire, en misant sur le contrôle du tempo, le trio joue avec les contrastes et les opposés. Avec cet album éponyme, il libère ainsi six titres hypnotiques, et dessine les contours d’un horizon à la fois sombre et ouvert.

Dans la même veine qu’un savant mélange de Jesus Lizard et Young Widows, parties rythmiques et guitare en électron libre se mettent au service d’un chant enrayé, que ne renierait pas Scott Mc Loud (Girls Vs Boys), ou même Nick Cave. Dans une dualité permanente, entre chemins tortueux et espaces sans limites, le trio nous promène dans des ambiances aussi lourdes qu’incisives, laissant place à de superbes lignes mélodiques. Ainsi ‘A Mural Is Worth Than A Thousand Words’ ou ‘Chewin On Kittens’ nous embarquent sans peine dans des humeurs mid-tempo où la guitare légèrement dissonante, la basse super grasse, et le chant assurent des reliefs aussi anguleux qu’élevés. Soignés jusqu’à la moindre seconde, le bluesy ‘Skrew’ ou le plus plombé ‘Black River’ se veulent plus introspectifs et planants. Les mélodies y sont plus minimales, mais aussi délicieuses que malsaines. Il en va de même pour ‘Foam’, aux frontières du slowcore, ou encore de ‘The Voynish Manuscript’, construit en deux parties progressives où le groupe pose les jalons d’un nouveau territoire, pour finir de nous écarteler le thorax, dans un mur du son dévastateur et dans un refrain aux prises d’air salvatrices.

Sombre et lugubre, entre noise et post rock, le disque réussit le tour de force d’allier introspection et ouverture, grâce à sa lourdeur rythmique, ses guitares posées avec brio, et ses lignes de chant aux mélodies impeccables et poignantes. Heads détient les clés d’un monde sans frontières qu’il serait dommage de ne pas visiter, tant il maitrise cette dualité entre contrôle et libération, noirceur et élévation.

‘A Mural Is Worth Than A Thousand Words’, ‘Chewin On Kittens’, ‘The Voynish Manuscript’


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