Hanry – ‘Disruption EP’

Ep / Pelagic / 10.01.2025
Post rock

Sur sa superbe pochette aux allures de cyanotype, quatre photogrammes. Quatre angles d’un même arbre, que l’on devine en proie au vent entre deux visites furtives de nos amis ailés. Un souffle qui pourrait bien être celui de la déflagration contenue dans ces quatre morceaux entre ciel et terre, ou plutôt ciel éther.

Ether comme le titre du premier single lâché en novembre dernier, qui nous rappelait Boards of Canada tout en nous laissant entrevoir la force et la puissance émotionnelle de ce nouvel essai. Deux ans après Panorama, Zénith (Tape #2) reprend ainsi directement la suite d’un titre de la réédition augmentée de ce premier EP pour imposer ce nouveau chapitre. Introduit par le bien-nommé Radiance, l’univers onirique et stratosphérique du groupe s’y diffuse comme une chaude lumière aux contours diaphanes. On y reconnaît évidemment l’empreinte de ses précurseurs – Slowdive, Mogwai ou Explosion In The Sky – mais aussi, au-delà de sa profonde maîtrise des matériaux et agencements mélodiques, une capacité à tendre vers des territoires ambient plus inattendus, comme si la densité instrumentale de Godspeed You ! Black Emperor rencontrait la mélancolie électronique de Thom Yorke.

Révélations de l’édition 2023 des Trans Musicales de Rennes d’où ils sont originaires, les six membres de Hanry avaient profité de leur passage remarqué pour participer à un session KEXP organisée sur le sol français, rejoignant ainsi la courte liste des formations nationales ayant participé à la prestigieuse émission américaine. Et l’on comprend pourquoi. La pièce finale, ironiquement nommée Intermission, dévoile sept minutes d’un voyage hypnotique, guidé par des enchaînements harmoniques aussi simples qu’efficaces. La virtuosité se joue alors dans les détails, et notamment dans le soin apporté à chaque aspérité de ce magma sonore. La production impeccable du groupe, appuyée par le mixage immersif de Clément Libes (Bruit≤) et le soutien du label berlinois Pelagic, fait des merveilles. Quatre mouvements pour les quatre éléments, les quatre saisons, les quatre cavaliers de l’Apocalypse. Disruption n’est pas un disque de rupture, encore moins de fin du monde ; il en est la genèse, et cet ensemble divin nous laisse entrevoir une très grande histoire.