Hand Habits – ‘Placeholder’

Hand Habits – ‘Placeholder’

Album / Saddle Creek / 01.03.2019
Dream folk


Ce qui retient de prime abord l’attention de l’auditeur à la première écoute de Placeholder, le nouvel album des californiens de Hand Habits, c’est l’enregistrement de la voix de Meg Duffy, traitée comme un chœur. Les pistes de chant sont la plupart du temps doublées, ou triplées, ce qui multiplie leur présence tout en donnant à l’ensemble un caractère indistinct, cotonneux. Cette technique de production est souvent utilisée mais devient, sur Placeholder, un procédé signature, les changements quasi imperceptibles d’une prise de son à l’autre apportant une forme de surimpression sonore aux vocalises. L’entame éponyme pourrait se traduire par remplaçant, une place attribuée dans ses rapports à autrui, analysée poétiquement par Meg Duffy, décrivant des relations que l’on sent mobiles et mouvantes, et sur laquelle l’ancienne guitariste de Kevin Morby pose un regard à la fois rétrospectif et inquiet.

L’anxiété et l’apaisement, voilà deux termes ambivalents qui pourraient correspondre à cet album faisant suite au très prometteur et acclamé Wildly Idle (Humble Before The Void) sorti il y a tout juste deux ans sur le label Woodsist. Les californiens signent donc ici leur première sortie sur le label Saddle Creek, dont l’exigence et la qualité des signatures n’est plus à prouver. Quand on sait que Big Thief vient d’ailleurs de le quitter pour 4AD, et quand on observe la proximité artistique et musicale des deux groupes, on peut y voir comme un passage de relais qui pourrait venir renforcer de manière amusante la signification du titre Placeholder.

Il y a une coïncidence très poétique entre le traitement sonore et la narration des titres. Le monde et les rapports dépeints par Meg duffy semblent aussi vaporeux et troubles que le traitement des voix, par couches successives, qui renforce leur caractère intangible et évanescent. Les deux premiers titres de l’album sont parmi les plus intenses, plaçant les attentes de l’auditeur à une certaine hauteur. C’est quand elle est accompagnée par une section rythmique appuyée (Placeholder, Can’t Calm Down) que la voix multipliée de Meg Duffy prend toute son intensité. Ainsi, Les moments les plus forts de l’opus sont indéniablement ceux qui sont structurés par la précision du jeu de basse et des percussions, en toute simplicité. Une présence qui resplendissait déjà sur la très belle vidéo live des sessions de Hand Habits pour Audiotree.

Certaines pistes à la facture plus classique calment les hautes intensités de l’ouverture du disque, et peuvent avoir un caractère légèrement décevant à la première écoute (Jessica, Wildfire), vite atténué par la force mélodique et lyrique des morceaux suivants (What’s The Use, une ballade aérienne fonctionnant comme une invitation à prendre de la hauteur). Placeholder est un album qui devrait paradoxalement assurer aux californiens une place de titulaire dans le monde de l’indie folk.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Placeholder, Can’t Calm Down, The Book On How To Change Part II


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