Gwendoline – ‘C’est à moi ça’

Gwendoline – ‘C’est à moi ça’

Album / Born Bad / 01.03.2024
Shlagwave

Révélé à Rennes et désormais brestois, le duo Gwendoline publie un deuxième album – C’est à moi ça – chez Born Bad Records et creuse un peu plus son sillon cold wave à la française, teinté de rock, gentiment, et de punk, résolument.

Sur la pochette du disque, Pierre Barrett et Mickaël Olivette posent visages cachés dans les mains, capuche sur la tête, pour se préserver sans doute des effets négatifs du star system. Qu’ils se rassurent, les selfies dans la rue et les feux de la gloire, ça ne sera pas pour tout de suite. Parce que la musique de Gwendoline ne cherche ni à plaire, ni à faire danser, ni à faire réfléchir. Et c’est bien comme ça. Ils caressent probablement secrètement le doux espoir de remplir un jour des stades mais pour l’instant c’est au fond d’un bar-PMU qu’on reprendra en cœur leurs refrains aériens et fédérateurs (Rock 2000). Parce que sans avoir l’air d’y toucher, Gwendoline écrit ici avec ironie et désinvolture les hymnes fondateurs d’une génération qui se situe tout juste entre la fin de l’adolescence et l’entrée, à regret, dans l’âge adulte et ses emmerdes. Quand les lendemains de cuite insouciants se transforment avec le temps en pitoyables gueules de bois.

Entre chant et scansion (faut-il choisir ?), Gwendoline déclare son amour aux perdants magnifiques qui peuplent les bistrots, ceux qui veulent absolument tout mais sans rien foutre, rêvent de gloire sans avoir le moindre talent, prêts à perdre avec panache tout ce qu’ils n’ont pas (Héros National). Avec un sens de la formule et des punchlines qui cognent, mais surtout beaucoup d’humour (noir de préférence), Mickaël et Pierre balancent des chansons qui puent le fatalisme, la clope, les aides sociales et la bière tiède bon marché.

Sur fond de boucles entêtantes et martiales et de lignes de synthés glacées comme la pluie bretonne, le duo explore la zone floue entre auto-dérision et lucidité, terrain de jeu favori de leurs grands frères Bruit Noir, Lescop, Diabologum et d’un autre illustre brestois, Miossec. Avec en plus, ce côté home made, ‘à l’arrache’, plus proche de l’état d’esprit shlagwave du collectif de La Grande Triple Alliance internationale de l’Est’ dont les plus fiers représentants sont Jessica 93, Ventre de Biche ou Noir Boy George.

En ce début d’année, C’est à moi ça s’impose comme la bande son idéale de notre époque incertaine et anxiogène (socialement, écologiquement, énergétiquement). Un disque qui pourtant, nous pousse à espérer, furieusement, et nous implore de continuer à faire la fête, coûte que coûte, une 8.6 dans une main, une galette saucisse dans l’autre.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Rock 2000, Héros National, Merci La Ville, Parce que j’ai rêvé d’être riche

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