Guns Of Brixton – « Near Dub Experience »

Guns Of Brixton – « Near Dub Experience »

Near Dub Experience[Album]
01/02/2005
(Lakalashnik’Off/Mosaic Music)

Après un premier cinq titres convaincant, les Caennais remettent le couvert avec un album tout aussi intéressant. Une première livraison parfaitement maîtrisée qui fait entrer Guns of Brixton dans la cour des grands. L’entrée en matière, comme souvent avec les Normands, est tonitruante. Sur les rives de la Manche, on ne rigole pas et « The Shape Of Dub To Come » impose immédiatement une couleur rock que l’on retrouve sur la totalité des pistes. Le style de Guns of Brixton n’est pas révolutionnaire, c’est incontestable, mais le mariage entre dub électronique et rock débridé est d’une qualité remarquable, rarement égalé dans l’hexagone (si, si je vous assure!)

Le deuxième titre, « Fifteen Years », consacre une large place à la guitare. Plus classique dans sa construction, sans pour autant tomber dans les clichés du genre, ce second exercice bénéficie surtout d’un excellent travail de samples. On retiendra notamment ce refrain entêtant et lancinant qui revient comme un slogan hypnotique… L’envolée finale manque un peu d’envergure, mais elle devrait faire mouche sur scène. Car en écoutant ce premier album des Caennais, on en vient à se demander si tout n’a pas été composé dans l’optique des futures prestations scéniques

Au premier abord, le troisième morceau, « Virus », peut sembler long et répétitif. Mais après plusieurs écoutes, même si le titre est sans doute le moins convaincant du cd, l’atmosphère qu’il dégage n’est comparable à aucune autre. « Rocky Cat », déjà présent sur le premier cinq titres des Bas-normands, se révèle nettement plus électronique que la version initiale. À nouveau, on ne peut que saluer le travail effectué autour des samples, et une fois de plus les Caennais s’offrent une ultime envolée apocalyptique, digne d’un Lab° au meilleur de sa forme. Avec « 8 Minutes Au Tibet », et c’est sûrement la principale critique que l’on peut formuler, le groupe ne bouleverse pas son mode de composition: intro planante, montée progressive, rupture puis accélération, et montée ascensionnelle toute voile dehors

Le sixième titre de l’album, « Les Mystères De l’Uranium » (mais où donc vont-ils chercher ses noms?), ne dénoterait pas sur le premier opus des Normands, tant l’ambiance qu’il dégage se rapproche des premières compositions du quatuor. Le disque s’achève sur les deux meilleurs titres de l’album: « Sad » et « Motif Obsolète ». Le premier vous prend à la gorge d’emblée et ne vous lâche qu’à l’issue de sept minutes d’anthologie (le résultat sur scène doit être énorme!). Le second, entièrement composé par Steven, homme machine du groupe arrivé en début d’année 2004, clôt les débats dans un climat ô combien pesant et dérangeant

Depuis quelques années, le dub français a le vent en poupe. Nombre de groupes, dans le sillage des High Tone, Zenzile, Lab° et Ez3kiel, tentent de faire leur trou sur une scène de plus en plus chargée. Reste qu’à répéter les mêmes formules, le public risque de se lasser, de s’endormir ou de tourner purement et simplement le dos à un genre pourtant riche en mariages et associations originales… Guns of Brixton l’a parfaitement compris, d’où cette volonté exacerbée d’évoluer loin des pistes banalisées, à mi-chemin entre électronique, punk et post-rock.


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