Guilty Simpson – ‘Detroit’s Son’

Guilty Simpson – ‘Detroit’s Son’

Album / Stones Throw / 11.09.2015
Hip hop

Accroché à Detroit comme une moule à son rocher, Guilty Simpson n’a cessé, depuis ses débuts, de déclarer son amour à la Motor City. De Dilla à Black Milk en passant par Apollo Brown, tous les producteurs renommés que compte la ville ont, à un moment, pu compter sur son flow maitrisé et sur son application de bon petit soldat du rap underground. Car dès lors qu’il s’éloigne de la métropole du Michigan pour aller enregistrer avec Madlib, il devient méconnaissable. Son deuxième album – ‘O.J Simpson’, entièrement confié au producteur de Los Angeles – devenait, sous la houlette de ce dernier, une anomalie dans la carrière de Guilty. Raturé, noyé sous les coupures et les boucles du californien qui n’en faisait qu’a sa tête, l’album s’imposait comme une étape à part, loin des regards de Detroit, et prenait du même coup une place majeure dans une carrière jusque-là appliquée, mais un peu trop studieuse.

Allions-nous donc retrouver la même schizophrénie sur ‘Detroit’s Son’, entièrement confié au bon soin de Katalyst, moitié du projet hip-hop Quakers au côté de Geoff Barrow (Portishead, Beak)? Allait-il insuffler au rappeur de Detroit ce vent d’expérimentation qui avait parasité sa trajectoire? Malheureusement, Katalyst n’est pas Madlib et hésite tout au long de l’album sur la tournure qu’il souhaite lui donner. Entre réminiscence du projet Quakers (‘R.I.P’, ‘The D’), douceurs old-school (‘Detroit’s Son’, le tube de poche ‘Smoking’) et clins d’oeil appuyés à Dilla et Madlib, le producteur australien lance de nombreux hameçons, mais sans jamais faire de touche, en mélangeant efforts superflus et redondances.

Attaché à un album sans véritable substance, qui peine à marquer et à s’installer durablement, Guilty Simpson fait malgré tout le travail de manière admirable, même si on aurait aimé que ce nouvel opus le fasse davantage sortir de ses gonds et du chemin confortable qu’il s’est construit.

‘Fractured’, ‘Smoking’, ‘Beautiful Death’, ‘Dirty Glove’, ‘Power Outrage’


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