05 Sep 21 Goat – ‘Headsoup’
Album / Rocket Recordings / 27.08.2021
Rock psychédélique
Le groupe ne pouvait pas prévoir que son clin d’œil aux Rolling Stones (Goat’s Head Soup, album de 1973) prendrait la forme d’un improbable hommage, suite au décès de Charlie Watts. Et c’est sous la tutelle opportune et involontaire d’un grand esprit que les shamans de Goat livrent leur Headsoup, rappelant dans cette compilation de faces B et raretés leur ancrage aussi profond dans les fondamentaux du psychédélisme que dans les musiques traditionnelles.
Goat est, depuis dix ans, une machine imparable à écouter et distordre le chant du monde. Headsoup résume à lui seul cette histoire, faite d’un goût fascinant pour les détournements ethnologiques et la place des instruments ‘exotiques’ dans la sonorité rock du groupe. Mais plus encore, ces onze titres, écartés jusque-là de toute production ‘officielle’ auxquels s’ajoutent deux nouveautés (Fill My Mouth, Queen Of The Underground) permettent de briser quelques clichés et nous donnent à entendre beaucoup plus que tous leurs albums précédents.
On retrouve évidemment certaines marques de fabrique : le chant haut perché, voire vociféré, qui continuera sur certains titres à faire fuir les plus réticents, et l’usage quasi-systématique des effets de fuzz et wawa jusqu’à l’obsession, mais Headsoup impose un paysage distinct sur chaque titre, du sériel et obstiné The Sun The Moon aux granulations heavy blues de Queen Of The Underground. Les suédois promènent leur psychédélisme dans tous les folklores et toutes les transes du monde, de l’afrobeat de Dreambuilding au western oriental The Snake Of Addis Ababa, de la shity flûte andine de Union Of Mind And Soul au funk déluré de Fill My Mouth.
C’est parfois brutal, rythmé au marteau pilon, mais c’est toujours efficace et déroutant.Pour trouver subtilité et finesse, il faudra plusieurs écoutes. Mais on se laisse gagner, à la longue, par le relais parfaitement équilibré entre le chant, très récitatif, auquel succèdent les effusions gnawa de la guitare sur Dig My Grave ; le dialogue des vibrato claviers-machines-basses de Relax ; les errances pop/jazz/funk de Goatfizz ; la mélancolie du jam ethnique de Friday, Pt.1.
Comme toujours, ce n’est pas la vitrine qui est intéressante avec Goat, c’est l’arrière-cuisine. Ce n’est pas le goût, ce sont ses effets. Et la soupe qui nous est servie cette fois encore possède tous les ingrédients pour nous mettre la tête en cendres.
A ECOUTER EN PRIORITE
The Sun The Moon, Dig My Grave, The Snake Of Addis Ababa, Let It Burn, Fill My Mouth
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