16 Oct 24 Goat – ‘Goat’
Album / Rocket Recordings / 11.10.2024
Ethno rock
Sans vouloir remettre en cause l’originalité et l’importance des suédois dans la veine si singulière d’un rock psychédélique mâtiné de musiques traditionnelles, on appréhendait quand même qu’ils nous resservent une énième fois le brouet de longs jams saturés d’effets de guitares en tous genres. Ce qui fonctionnait parfaitement finit par lasser quand transparaît plus de travail que d’inspiration. On est un peu rassuré à l’écoute de ce nouvel album, qui cherche sa voie entre un savoir faire maîtrisé et quelques propositions plus respirables, qui semblent ouvrir la voie à une réelle mutation.
Résolument curieux des traditions musicales du monde entier, Goat a progressivement abusé de sa maîtrise des guitares, les faisant glisser d’entêtants riffs gnawa à de longs solos de blues rock gras et sale. C’était devenu une marque de fabrique, mais surtout une facilité. On cherchait où étaient passées la transe, l’envie, la curiosité. Étouffées sous les pédaliers. Passée une entame agaçante (One More Death reprend tout ce qu’on finissait par abhorrer), puis poussive (Goatbrain, d’une platitude déconcertante), le groupe retrouve de la musicalité en redonnant une place prépondérante aux flûtes asiatiques (Fool’s Journey, brillantissime, avec son final fantomatique dans ses bols de bronze), ou aux arpèges d’un clavier rétro (Frisco Beaver, au groove disco imparable), ou à la conversation de deux guitares apaisées (The All Is One).
L’apaisement est probablement le maître mot de cet album de transition, dans lequel l’usage des machines s’assume progressivement avec succès. On sent un nouvel équilibre s’installer, une forme d’élégance, une nouvelle façon de prendre possession de nos corps, plus sereine, plus efficace aussi. On trouve cette quintessence dans deux titres d’une imparable efficacité, aux recettes voisines : Zombie, taillé pour la danse et Ouroboros, énorme single à écouter dans les sept minutes de sa version album : sa dramaturgie ensorcelante, le dialogue permanent des instruments entre eux, les respirations et les reprises abruptes, une montée obsédante, résument idéalement ce qu’on a toujours adoré chez ces suédois masqués : la capacité à nous faire sentir la terre trembler sous nos pieds.
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