Gloria – ‘Sabbat Matters’

Gloria – ‘Sabbat Matters’

Album / Howlin Banana / 05.03.2021
Garage pop psyché

Bien que trop rare, chaque réapparition de Gloria a quelque chose de rassurant : de solides références musicales, des réminiscences d’une époque ou les esprits semblaient mille fois plus sains qu’ils ne le sont aujourd’hui, d’une vie comme simplement résumée aux petits plaisirs du quotidien. Autant dire que le contraste est grand avec les multiples privations de liberté que l’on subit aujourd’hui, et qui donnent à ce Sabbat Matters une dimension que ces lyonnais, définitivement sous estimés jusqu’à sembler l’avoir intégré à en croire leur trop grande discrétion, ne mesurent peut être pas eux-mêmes.

Pourfendeur d’angoisse et d’austérité, le groupe a beau ne pas toujours chanter le bonheur, il choisit de le faire avec le sourire et de n’avoir de véritablement mélancolique que les yeux doux qu’il adresse aux décennies passées, avec une jambe toujours assez longue pour aller faire du pied jusqu’au plus profond des années 60. Gloria avait déjà prouvé son amour pour cette période insouciante et rebelle avec In Excelsis Stereo en 2016, puis Oidophon Echorama en 2018, deux premiers opus plus attachés à souligner le regret de ne pas l’avoir vécue qu’à révolutionner quoi que ce soit. Plus affuté et mélodique encore, Sabbat Matters – affublé d’une magnifique pochette signée Nicole Claveloux – s’inscrit ainsi en suite logique en décuplant une efficacité redoutable, déjà démontrée il y a trois ans, et mesurable ici grâce à quelques refrains saisissants (Holy Water, You Had It All).

Fermement ancré sur les harmonies inspirées de son trio vocal féminin, assisté d’anciens membres de Slow Joe & The Ginger Accident (dont Kid Victrola, son cerveau), Gloria souffle de nouveaux airs pop vintage auxquels il accorde quelques transgressions contribuant à faire le sel de ce nouvel album. Avec son riff aux consonances orientales, c’était déjà le cas de Global Warning, premier titre dévoilé qui se charge ici de clôturer l’affaire sans pour autant dénaturer l’héritage assumé des girls groups d’antan – The Ronettes et The Shangri-Las en tête – qu’il se plait à moderniser.

Quoi de plus logique de sa part tant, à rembobiner l’histoire, il biberonne sa pop sixties d’influences puisées au fil des décennies qui ont suivi, le rock des années 90 tout particulièrement cette fois. Tout au long de ces dix titres, et au gré de nombreux soli de guitare, il ne cesse de jouer des coudes pour s’y faire une place plus prononcée qu’à l’accoutumée, et donner lieu à des compositions à la classe imparable, qu’il s’agisse de ballades électriques et sensuelles (Dance With Death), de soul chauffée à blanc façon Budos Band et Daptone (Sabbat Matters), ou de brûlots rock (Space Rocket), certains allant même jusqu’à rappeler l’entrain de The Go! Team (Night Biting).

Si faire profil bas comme lui a le mérite de souligner son humilité autant que le narcissisme démesuré d’autres musiciens au talent bien moindre, Gloria, désormais armé d’un album irréprochable qu’on rêve de voir joué live, n’a désormais plus aucune excuse pour ne plus monter au créneau, et oeuvrer pour le bien de tous. Car dès que tourne ce Sabbat Matters sur les platines, le sextet nous plonge dans un bain de jouvence, et nous offre l’occasion de voir notre vie défiler au format Super 8. Quoi rêver de mieux en 2021 devant un futur qui vous claque la porte au nez ?

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A ECOUTER EN PRIORITE
Sabbat Matters, Holy Water, You Had It All, Dance With Death


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