Gloria – ‘III’

Album / Howlin Banana / 04.04.2025
Pop psyché

Depuis bientôt dix ans, il y a comme quelque chose de confortable et réconfortant dans la routine que Gloria impose au fil de ses albums. Non pas que les lyonnais soient d’une régularité qui les rende prévisibles, bien au contraire ; mais il y a chez eux tout un univers qui, chaque fois, nous transporte hors du temps, dans un monde plein de légèreté et de bienveillance, soit à l’extrême opposée de cette société lestée dans laquelle on évolue quotidiennement. Bonne nouvelle donc puisque, pour leur troisième album, les gones n’ont pas changé de cap. Toujours parfaitement mené par Kid Victrola, le groupe marie très justement modernité et références rétro, et offre aux voix de Wendy Martinez, Amy Winterbotham et Marie-Louise Bourgeois le luxe de ne pas en être qu’une simple vitrine. Aux commandes aux côtés du guitariste-producteur fidèle à ses affections pour le folk, la pop, la soul, le garage et le rock indépendant des nineties, le trio vocal use de ses harmonies de toujours (Echo, Eleusis) pour ouvrir la porte aux muses et divinités de la mythologie antique, inspiration principale de III, renforcée par la grande majorité des titres de ses morceaux comme par certains choix d’arrangements (Sirein, Artemis).

Mais s’il y a bien une évolution notable sur ce nouvel album, c’est le territoire grapillé chez Gloria par le rock, depuis 2021 et la sortie de Sabbat Matters. Timide dès l’entame, la tournure électrique de l’ensemble devient d’ailleurs évidente au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans ces dix titres. Une fois passées une respiration acoustique (Styx) et quelques compositions plus introverties (Artemis, Athena), les riffs fusent, les soli de guitare viennent épaissir les chansons (le diptyque Harpocrate), rendant cette fois la musique du groupe plus possédée qu’ensorcelante, et les incantations plus flamboyantes encore. De là à révolutionner son registre, il n’y a qu’un pas que Gloria ne franchit délibérément pas, sûr qu’il est de son inépuisable talent à décrocher des mélodies intergénérationnelles, et de sa singularité qui, sous couvert de modernité, le dégage quasiment maintenant de l’ombre parfois trop pesante de la pop dite vintage.