
25 Oct 22 Girls In Synthesis – ‘The Rest Is Distraction’
Album / Own It / 14.10.2022
Post punk noise
Les temps sont durs en Angleterre, pourtant Girls In Synthesis n’avait pas manqué de nous prévenir au moment de son premier album prophétiquement intitulé Now Here’s an Echo From Your Future. Deux ans plus tard, la Perfide Albion est plus instable que jamais, tant sur le plan politique qu’économique, et son rock d’une productivité sans nom ne se fait pas prier pour en proposer une bande-son malaisante, coincée entre une rage nourrie par les difficultés du quotidien et l’arrogance héritée de ce punk qui, il y a plus de 40 ans, sonnait déjà la révolution sociale.
Si les prétendants post-punk sont nombreux à postillonner et ainsi contribuer à la brise automnale typiquement britannique, Girls In Synthesis est certainement de ceux qui incarnent le mieux le poids de l’austérité actuelle, ni plus ni moins qu’une autre façon de nommer la guerre des classes sévissant désormais dans beaucoup de pays. Radical, plus sombre encore, parfois minimaliste au point de lorgner Gilla Band (My Husband sur lequel apparait Eleni Poulou de The Fall aux claviers), le trio londonien poursuit donc sa quête d’intensité et de dissonance, en totale harmonie avec le mood du moment, bien que The Rest Is Distraction arpente cette fois des versants plus intra psychiques que directement politiques. Après les causes, les conséquences donc.
Le groupe fait ainsi du piège de l’angoisse émotionnelle le fil rouge de ce nouvel album aux compositions viscérales et menaçantes. Troubles familiaux, problèmes relationnels, peurs et inquiétudes en tous genres sont autant d’oppressions soulignées ici par l’aspect totalement compact de son noise rock (Screaming), son groove sec pouvant rappeler DITZ (Total Control), ou ses filets de mélodie le rangeant sous la bannière du punk (It’s All Beginning to Change). De fait, c’est logiquement dans leurs moments les moins expérimentaux que ces anglais se considèrent – eux – les plus pop (Cottage Industry) : une différence de placement sur l’échelle de l’accessibilité qui traduit parfaitement toute la radicalité du groupe, jusque dans ses parti pris.
Car c’est sur un véritable uppercut au foie que s’achève The Rest is Distraction. Avec To a Fault, Girls In Synthesis a choisi d’aborder le pire : l’abus sexuel sur enfant. Porté sur toute sa première partie par le duo basse-chant, le morceau sombre peu à peu dans une intensité galopante pour se conclure sur le monologue d’une victime. Et quand le bouton stop du dictaphone se fait entendre, ne résonnent plus que ses questionnements et sa difficulté de ne pas répondre au dysfonctionnement par le dysfonctionnement. Le malaise est total, Girls in Synthesis a parfaitement réussi son coup.
A ECOUTER EN PRIORITE
It’s All Beginning to Change, Watch With Mother, Total Control, My Husband
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