Ghostface Killah – “Twelve Reasons To Die”

Ghostface Killah – “Twelve Reasons To Die”

Album
(Soul Temple)
16/04/2013
Hip hop pour salles obscures

Depuis l’annonce du grand retour du Wu-Tang pour un nouvel album groupé, on a failli passer à coté de ce petit épisode à priori mineur qu’est “Twelve Reasons To Die”. Et pourtant, quel grand mal nous aurait pris de snober ce dixième album solo de Ghostface Killah, associé ici à Adrian Younge, homme-orchestre et compositeur notamment de la BO du film “Black Dynamite”. Plus qu’une simple étape sur la route de la réunion, il est aussi le reflet de cette galaxie Wu-Tang qui se met à retendre des ponts entre les différents aspects de son univers protéiforme. Cinéma pour RZA avec “The Man With The Iron Fists”, comic book pour la pochette du “Wu Massacre” de 2010, autant de grandes et de petites passerelles érigées pour développer toujours un peu plus la schizophrénie du collectif, perdu entre alter ego fictifs et storytelling urbain.

Si schizophrénie il y a, Ghostface est surement l’un des patients les plus sévèrement touchés. Pour ce “Twelve Reasons To Die”, il rend hommage à un comic book du même nom, ou il se glisse dans la peau de Tony Starks, homme de main d’une famille de gangsters, les De Lucas. Assassiné par ses anciens employés, voyant ses restes pressés en douze vinyles (oui, oui), il renaît si tôt que l’un d’entre eux est joué, pour obtenir vengeance. Derrière ce pitch qui a sans surprise passionné notre rappeur, se cache un album cohérent, ou l’ombre de RZA n’est jamais très loin (ce dernier étant d’ailleurs cité comme producteur exécutif). Revendiqué par Younge – au même titre que Morricone – comme une des ses deux plus grandes influences pour cet album, le jeune producteur parvient à s’émanciper de cette ombre bienveillante par le biais d’atmosphères qui ont plus à voir avec le Giallo et les films de la Hammer qu’avec les shaolins chers au producteur historique du groupe.

Au sein de ces univers, Tony/Killah semble jouer différents rôles, des lors qu’il s’agit de sombrer dans la paranoïa (“Ennemies All Around Me”), de lancer les hostilités (“I Declare War “) et de savourer sa revanche (“Revenge Is Sweet”). Ecartelé entre la winchester et le borsalino, cette petite demi-heure précieuse brille de mille feux, tant ses incursions et digressions au sein d’un univers bien connu se révèlent tendrement désobéissantes envers ceux qui détiennent les clefs de la maison Wu-Tang.

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