Get Well Soon – « Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon »

Get Well Soon – « Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon »

Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon[Album]
23/06/2008
(Cooperative Music/City Slang/Pias)

A l’heure où beaucoup de musiciens, fatigués d’avoir à faire des concessions, se rabattent sur l’idée de mener leurs projets seuls, certains s’enfoncent dans les méandres de leurs esprits, accouchent d’albums aussi inaccessibles que leurs pensées sont confuses. D’autres, au contraire, parviennent avec brio à laisser penser que toute l’orchestration dont ils sont le cerveau est le résultat d’un travail de groupe bien rôdé. C’est incontestablement à cette deuxième catégorie qu’appartient Konstantin Gropper, l’homme qui se cache derrière Get Well Soon et qui a passé ces trois dernières années à écrire, arranger et produire cette grosse quinzaine de titres qu’il a entièrement joué lui-même. Il faut dire que du haut de ses vingt cinq ans, le Berlinois sera passé par assez de genres musicaux (classique, grunge, gothique, indie, electro) pour pouvoir maîtriser cette pop profonde sur le bout des doigts, et avec une maturité époustouflante. Si certains citent volontiers Damien Rice, Tom Waits, Beirut, Radiohead ou Muse, « Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon » est avant tout un premier album qu’il aurait difficilement pu rendre plus personnel

Avec lui, pas d’arbre cachant la forêt, pas de tube voilant la médiocrité. Gropper est du genre à considérer un album dans son ensemble, et à le défendre avec encore plus d’ardeur sur scène ou il est accompagné de sept musiciens, parmi lesquels des cuivres, cordes et choeurs, témoins de la richesse de sa musique. Comme de ce disque qui, par de malins subterfuges (les breaks de « If This Hat Is Missing I Have Gone Hunting » par exemple), a ce don de transformer la banalité en originalité, mais aussi de multiplier les moments d’extase avec une déconcertante facilité grâce à des titres d’une profondeur inouïe (« Witches! Witches! Rest Now In The Fire »), des mélodies désarmantes, et un souci du détail peu commun qui ne les déshumanise jamais

« Prelude » qui ouvre l’album en atteste dés ses premières notes, et n’est pourtant qu’un léger aperçu de l’incroyable beauté dont est capable l’Allemand, à l’apogée de son talent sur un « I Sold My Hands For Food So Please Feed Me » tout en progression et à rendre autant jaloux Radiohead qu’Arcade Fire. Difficile après cela de relever la barre plus haut encore. Le plus fort de la part de Gropper étant de parvenir à nous faire douter du contraire en jouant la surprise: que ce soit à l’écoute de sa reprise d’Underworld (« Born Slippy Nuxx » et ses dorures electro), des balkaniques « You/Aurora/You/Seaside » et « Your Endless Dream », ou de la mélancolie terrassante de « Help To Prevent Forest Fires »

Rares sont les disques ou les auteurs, qui y ont porté toute leur attention, n’y ont pas autant perdu en émotion. Pour un premier opus, « Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon » est une oeuvre accomplie qui fera non seulement date pour l’impact qu’il aura eu sur l’auditeur, mais aussi pour avoir révélé un des véritables petits génies de ce nouveau siècle. Car c’est une certitude: Konstantin Gropper est une figure montante de la musique dont on parlera longtemps, d’autant plus qu’il n’a certainement pas encore dévoilé tous ses talents. Voilà enfin une perle, un vrai disque, un de ces albums qu’on ajoute solennellement à notre discothèque, qu’on prend plaisir à écouter religieusement, et qui ne manque pas de se dévoiler un peu plus à chaque écoute. D’un coup de dé, l’Allemagne revient se placer sur la carte internationale de la pop music. Sublime

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