27 Nov 10 Generic – « II »
Album
(Cryptophite)
11/2010
Heavy noise cabocharde
Il y a trois ans, avec leur premier album « Open City« , les deux larrons de Generic conjuguaient définitivement l’expérience Second Rate au passé, préférant alors remiser au placard le rock mélodique d’antan pour mieux maltraiter basse et batterie, la matière première de leur heavy noise. Bruitiste sans être cinglant, accrocheur sans en devenir tubesque, Generic lorgnait même vers le post rock, parfois même vers l’electro, s’offrant ainsi les quelques libertés autorisées par la cohérence indispensable de leur registre. « II » vient donc enfin remettre le couvert et, déjà sur le papier, envoie valser les formats en alignant seulement six titres le temps de trois quarts d’heure.
« Mocushle » lance les hostilités: la basse dégouline de saturation, se démultiplie, obéit au doigt et à l’oeil à une batterie imperturbable alternant les plans, et le chant fait déjà son apparition quand il intervenait seulement de manière éparse sur le précédent album. A quatre minutes, soit à la moitié du morceau, les enceintes crachent le sang, l’intensité est à son comble, avant de retomber pour mieux repartir et nous assommer d’un dernier coup de patte sadique. Le ton est donné, Generic a de l’énergie à revendre. Des idées aussi. Les premières minutes de chant traditionnel anglophone et d’ambiant psyché qui sonnent respectivement l’entame des (trop?) longs « Sur La Route » et « Jeff », déroulés post rock aux antipodes flirtant tous deux avec le quart d’heure, le prouvent. A eux deux et en équilibrant l’oeuvre face aux assauts soniques de « Onze Heures » et au groove imparable de « Pneumatic », ils cultivent encore l’attirance assumée de Generic pour le contraste, celle qui lui permet d’ailleurs de ne jamais larguer son auditoire en route.
En alternant ainsi les ambiances, en imbriquant subtilement les titres les uns dans les autres, en suscitant constamment – et de façon aléatoire – le besoin d’en entendre plus ou d’en entendre moins, le duo nous entraine dans un grand huit infernal, et souligne aussi à quel point ce nouveau disque a été pensé. Il s’offre également de nouveaux espaces pour exprimer son évolution: un chant beaucoup plus présent, l’utilisation d’un clavier, l’incursion de dialogues de cinéma, et même un « Lady In White » final joué au piano en guise de fin larmoyante. Trois ans après « Open City », Generic a travaillé sa souplesse et devient maitre en grand écart. Une figure dangereuse que les deux bisontins passent avec les félicitations du jury.
Album disponible ici.
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