25 Nov 10 Gangrene – « Gutter Water »
Album
(Decon)
29/11/2010
Dark hip hop
Le hip hop et son grand bal des connections… Gangrene, c’est celle de Oh No et The Alchemist, deux Mcs/producteurs, acteurs majeurs de la scène hip hop underground, qui se sont rencontrés en 2006 lors d’un concert d’Evidence. Ils ne se connaissaient pas jusque là, mais n’ont pas manqué de créer des liens, d’envisager un bout de chemin ensemble, et de se lancer un défi qui colorera définitivement leur premier album commun: partir, au cours de leurs nombreux échanges, dans la surenchère d’un hip hop chaque fois plus malsain, dans sa musique comme dans ses textes. De quoi pimenter le travail de ce duo débordant d’expérience, et donc capable d’affubler une simple collaboration d’une ligne directrice un poil conceptuelle.
Présent sur le circuit depuis le début des années 90, The Alchemist a fait ses classes aux côtés de Dj Muggs, avant de s’envoler vivre sur la côte Est des Etats Unis pour y côtoyer tout le gotha du hip hop local, Mobb Deep en tête. De l’autre côté, Oh No a suivi le chemin de son frère Madlib, jusqu’à définitivement s’émanciper grâce à une poignée d’albums au cours desquels il a toujours su souligner ses prouesses de Mc et de producteur. Avec autant d’atouts à son propre compte – sans compter les featurings de Roc-C, MED, Planet Asia, Raekwon, Guilty Simpson, Fashawn ou Evidence venus consolider l’affaire – Gangrene avait donc peu le droit à l’erreur.
Bien aidé dès son entame par un « Boss Shit » ayant la nette ambition d’afficher la couleur, « Gutter Water » démarre sur de bons rails: le beat est sourd, la basse rode, et les samples de cordes accentuent un peu plus une atmosphère que les deux ont clairement voulue pesante. Dès lors, les flows s’imbriquent généralement bien, les deux se relaient à la production, allant jusqu’à dévoiler de véritables pépites capables de transformer nos cervicales en dominos (« Gutter Water », « Wassup Wassup », « Get Into Some Gangster Shit », « All Bad », « From Another Orbit »).
Pourtant, et c’est bien son seul défaut, l’album s’essouffle au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans son tracklisting, en partie à cause d’un recours systématique aux sonorités sombres, et d’un manque de liant devenant progressivement criant: un défaut récurrent quand il est question de collaborations à distance. Reste que ce « Gutter Water » est un disque de saison, de ceux qui s’écoutent au passage à l’heure d’hiver, à l’heure de la sieste alors que, dehors, la nuit tombe prématurément. Un disque qui pue l’hiver à plein nez.
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