Gang Starr – ‘One Of The Best Yet’

Gang Starr – ‘One Of The Best Yet’

Album / TTT / 01.11.2019
Hip hop

De ses débuts à la fin des années 80, jusqu’à son dernier album The Ownerz paru en 2003, Gang Starr s’est non seulement appliqué à laisser une empreinte indélébile de son passage sur un genre musical devenu sociétal, mais a surtout fait en sorte de continuellement l’emmener dans la bonne direction, celle de l’art plutôt que celle du business. Près de trente ans après que le duo se soit invité sur les radars des fins connaisseurs du hip hop, et bientôt dix ans après la disparition de Guru, on imaginait donc mal Dj Premier venir à ce point remettre les pendules à l’heure.

Pourtant, porté par la douleur, la perte et le traumatisme souvent responsables des musiques les plus intemporelles, le producteur y est parvenu, artistiquement d’abord, émotionnellement aussi. Ses cendres dans une urne posée sur la console de son acolyte durant les longs mois de gestation de ce One Of The Best Yet, Guru a – lui – laissé plané son âme jusque dans les moindres recoins du studio alors que Premier déterrait quelques couplets inédits pour leur offrir ici le meilleur écrin.

Introduit par un medley live des meilleurs titres du groupe histoire de replanter le décor et réaffirmer Gang Starr dans l’histoire du hip hop, ce nouvel album gomme illico la longue absence à laquelle il vient mettre fin. Guru y sonne comme ressuscité, Premier manifestement porté et inspiré par le contexte pour le moins spirituel dans lequel il a dû se plonger, et dans lequel il a convié pas mal de ses connaissances. Car, pour compléter le flow inimitable de son Mc, il lui a fallu du monde. MOP, Group Home, ou Jeru The Damaja ont forcément répondu présent sur la foi de la Gang Starr Foundation, tout comme quelques figures issues de différentes générations (Q Tip, Talib Kweli, J Cole…).

Malgré ses allures rafistolées, One Of The Best Yet n’est pas de ces albums posthumes entachant un sans-faute discographique. Réfléchi et appliqué, Dj Premier a manifestement fait preuve du plus grand perfectionnisme pour rendre hommage au duo qu’il formait avec son acolyte disparu, dont l’intemporalité de l’écriture est ici régulièrement soulignée à en croire les thèmes incroyablement actuels abordés dans So Many Rappers ou Business or Art. Cela s’entend dans la qualité de ses productions (Hit Man), l’efficacité de son boom bap (Bad Name, From a Distance), sa patte intacte et si caractéristique qu’il a réussi à imposer dans un registre pourtant classique (Lights Out, What’s Real, Take Flight).

Imperméable à tout ce qui a bien pu modeler le hip hop depuis une quinzaine d’années, ce septième album de Gang Starr – et très probablement le dernier – vient ainsi mettre un digne point (final ?) à une oeuvre intemporelle, et se présenter comme une chance inespérée pour les moins de 20 ans de s’éloigner du troupeau et se plonger dans une des périodes les plus productives et marquantes que le hip hop ait connu. De leur côté, les nostalgiques – malgré les rumeurs qui ont tenté de fissurer l’unité du duo à sa mort – imagineront sans mal Guru esquisser là-haut un sourire empreint de satisfaction, de fierté, sûrement aussi d’une impuissance insupportable. C’est la vie, et Gang Starr aussi.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Hit Man, From a Distance, Family & Loyalty, Business or Art


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