Fujiya & Miyagi – ‘Slight Variations’

Fujiya & Miyagi – ‘Slight Variations’

Album / Impossible Objects of Desire / 30.09.2022
Kraut-electronica

Fujiya & Miyagi continue d’explorer son univers électro-pop singulier, mais ne nous fera danser que sur un pied. Difficile en effet d’être happé par ce nouvel opus, même s’il regorge de petits fragments enthousiasmants, le tout se perdant souvent dans la recette pourtant traditionnelle du groupe, mélange de rigidité kraut et d’electronica taillé pour le dancefloor. 

Slight Variations le bien nommé ne progresse jamais qu’à la marge, et nous laisse de bout en bout un arrière-goût amer de monotonie, voire d’immobilisme. Certes, l’idée de David Best et ses copains est bien de nous suggérer que le diable comme le bonheur se trouvent dans les détails, et si l’argumentaire fonctionne bien tout au long de l’album, même porté par une voix volontairement monocorde (certains la trouveront plutôt caressante) on ne peut s’empêcher de penser qu’on nous invite à réfléchir en dansant, ce qui est souvent incompatible avec ce qui nous pousse sur la piste.

Cet aspect disco intellectuel distancié est d’autant plus regrettable que Fujiya & Miyagi fait encore montre d’un grand talent dans les arrangements et la structuration de ses titres. Si Slight Variations et Feeling The Effects ouvrent et ferment l’album sur des hits efficaces et consommables, Non-Essential Workers puis Sweat alternent sur une ligne rythmique parfaite riffs perlés et synthés vintage obstinés. Ce sont là les titres les plus progressifs, le groupe ayant pris le parti, sur le reste du LP, de développer une succession de motifs sur des lignes mélodiques et rythmiques quasi immuables.

Mais, preuve que le quatuor reste un groupe référent, tous les titres renferment pourtant leur trésor. Le très kraut New Body Language s’éclaire d’un groove funk, et ouvre la fin du disque sur plus d’expressivité : une tension mélancolique sur les machines de FAQ, une forme d’humour et d’autodérision dans le disco-funk d’Olympian Heights, ou le très atmosphérique instrumental Oops. On peut au final considérer Slight Variations comme un album réalisé au second degré, et c’est certainement sur la durée qu’on l’adoptera, en trouvant derrière l’austérité de la façade la légèreté qu’on attendait, et à cette seule condition qu’on en appréciera toutes ses subtiles variations.

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A ECOUTER EN PRIORITE

Non-essential Workers, Sweat, Olympian Heights


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