Freddie Gibbs – ‘$oul $old $eparately’

Freddie Gibbs – ‘$oul $old $eparately’

Album / ESGN / 30.09.2022
Hip hop

Au royaume des contrats à 7 chiffres paraphés par des rappeurs imberbes, la trajectoire de Freddie Gibbs est une admirable anomalie. Récompensé par ce premier album en major à 40 ans tout rond, le rappeur de l’Indiana traîne derrière lui presque 10 ans de carrière, et une longue file de projets à la consistance et à la versatilité jamais démenties, qui auront contribué à en faire un des lyricistes les plus charismatiques de sa génération. 

Doté d’un sens de l’humour indéniable qui lui a ouvert les portes du cinéma avec Down With The King (qu’on vous recommande chaudement), d’une dégaine de Pimp et d’un verbe fier qu’il distille de sa voix grave et puissante, Freddie Gibbs est un artiste qui a su merveilleusement bien s’entourer. Capable de dompter les boucles cradingues de Madlib le temps de deux albums remarquables (Pinata & Bandana), il s’est perdu dans les prods psychédéliques de The Alchemist avec Alfredo, sans renier une seule seconde ses obsessions gangsta, ses souffrances, et son sens de la formule. 

Avec $oul $old $eparately, le rappeur décline toutes ces nuances, renouant avec des alliances déjà éprouvées avant d’en ouvrir de nouvelles. Une fois lancé, l’album se démarque par sa fluidité, confirmant de nouveau l’aisance de Freddie Gibbs derrière le micro. Y défilent des perles baroques qui ruissellent de luxe (Lobster Omelette avec Rick Ross, Gold Rings en duo avec Pusha-T), des paquets suspects (Zipper Bagz) et quelques blessures profondes (le jazzy Blackest In The Room, les confessions sombres de Dark Hearted) qui affluent comme des souvenirs plus ou moins digérés, établis sur le confessional d’un statut nouveau, établi par des années de lutte et de sacrifices enfin consacrés. 

Définitivement plus apaisé, ce frais quadragénaire a pris soin de se faire plaisir, et de convoquer des idoles de toujours : la légende Scarface, DJ Paul de Three 6 Mafia, ou encore Raekwon. Atlanta, Miami, New York, Sud, Est, Ouest, toutes les villes et toutes les périodes ont répondu à l’appel de ce rappeur besogneux, qui n’a jamais versé une goutte d’eau tiède sur sa vision artistique. Entouré, encensé, respecté, Freddie Gibbs incarne une trajectoire vertueuse et admirée, fruit d’années d’indépendance et de dur labeur. Le voir aujourd’hui tout en haut de l’affiche consacre la fin d’un chapitre et l’ouverture d’un autre, sans nul doute synonyme de bon goût renouvelé et de plaisirs subtils pour tous ceux qui savourent depuis presque une décennie le flow rare d’un rappeur qui ne l’est pas moins.

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