Fortune – « s/t 101 »

Fortune – « s/t 101 »

s/t[Maxi]
01/10/2007
(Disque Primeur/Discograph)

Rappelez vous les belles heures de l’abstract hip hop, quand Anticon regnait sans partage sur la scène indépendante américaine, et que les bretons d’Abstract Keal Agram donnait à la France une raison d’espérer lui tenir la dragée haute. Surtout quand il rejoignait le label Gooom en 2003, fortifié par la médiatisation de M83. Pourtant, comme souvent avec les artistes attendus au tournant, les choses auront été autrement, chacun des membres du duo s’étant laissés aller à quelques autres occupations qui seront parvenues avec le temps à chambouler les priorités. On sait ce qu’il en est désormais de Tanguy, devenu Tepr pour le grand public, qui ne manque pas de faire son beurre avec une Yelle affamée, jusqu’à aller surfer sur les vagues d’une Tektonik vaseuse. De son côté, Lionel aura également su rebondir, de manière moins clinquante et plus fière, même si certains ne manqueront pas, à tort comme à raison, de l’accuser de s’accrocher au passage du train electro rock, déjà mis en bonne voie par les locomotives Soulwax, Digitalism et Goose en 2007. Car c’est bien dans cette lignée que s’inscrit Fortune, réfugié sous l’aile du Disque Primeur, comme Dabaaz et Adam Kesher l’auront fait juste avant lui. Pourtant, s’il n’invente rien, le Parisien affiche une excellente maîtrise d’une formule révélée magique. « Bully », résolument dancefloor, aux mélodies gravées dans un coin de notre cerveau dés la première écoute, et de ce fait indétrônable single de ce premier disque, en est la parfaite illustration. Les « Target », « Mission », et « Shadow » qui suivent, même si plus mous, ne font que confirmer qu’il sait tirer les bonnes ficelles, celles des guitares et des rythmiques electro qu’il marie comme s’il sortait tout juste d’une école de tubes. Et c’est peut être là que le bas blesse, Fortune laissant entrevoir un potentiel énorme, une grande maîtrise des composantes essentielles (dont le chant, chose assez rare), mais peinant à se démarquer d’une concurrence qu’il savait pourtant très rude. Voilà pourquoi on considèrera seulement ces quelques titres comme une appétissante mise en bouche, attendant du Parisien qu’il se détache d’un son encore trop lisse et qu’il accentue une personnalité musicale dont il a incontestablement les moyens. Dans le cas contraire, il serait vraiment dommage qu’il rejoigne ces formations plus marquantes pour les remixes dont elles font l’objet que pour leurs originaux. Ce qui n’est pas encore le cas, Fortune se montrant ici plus convaincant que les revisites seulement sympathiques de M83, Tepr et Snack & C’Mish

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