29 Sep 08 Food For Animals – « Belly »
[Album]
29/09/2008
(Cock Rock Disco/La Baleine)
Fermez les volets, verrouillez la porte à double tour, les deux timbrés de Food For Animals sont de retour, plus de trois ans après « Scavengers« , un mini album remonté comme une pendule qui se présentait comme le vilain canard d’une scène electro hip hop à l’époque loin d’être aussi lisse qu’elle l’est devenue. Déjà, le duo s’engageait sans retenue contre la politique de son pays, et laissait transpirer sa hargne dans des productions quasi hors de contrôle, sans équivalent alors. Seulement, le monde n’a pas vraiment changé depuis 2004, Mr Bush est toujours bien confortablement assis dans son bureau ovale, et l’electro hip hop semble s’être pris une sévère gifle, presque méritée aux vues de son manque d’originalité, et ses difficultés à se débarrasser de l’ombre Anticon. D’ailleurs, même le fameux label a progressivement pris ses distances avec le genre, n’hésitant plus à virer pop, folk, ou electro. Il n’y avait donc aucune raison pour que Food For Animals revienne rassasié
« Belly », comme son prédécesseur, déboule donc tel un ovni, avec un pied dans le hip hop, et l’autre dans l’electro, sans pourtant trouver, d’un côté ou de l’autre, un quelconque groupe avec qui il soit sur la même longueur d’onde, avec qui il partage un tel esprit punk dans l’approche de la musique. Car c’est la machette à l’épaule que Food For Animals s’en va explorer et débroussailler le chemin que certains ne manqueront pas d’emprunter à l’avenir. Pas de doute, ces quatorze titres ne s’apprivoisent pas à la première écoute, trop expérimentaux qu’ils sont pour l’electro hip hop désormais formaté, et trop barrés pour espérer glaner l’affection des victimes des derniers coups de bling bling. C’est plutôt du Warp de la première heure dont il s’agit ici, si vraiment on devait aller y chercher une comparaison
En effet, Food For Animals laisse une nouvelle fois des traces, provoque plus encore une bourrasque de sensations fortes. Et cela, qu’il veuille bien se faire accessible (« Tween My Lips », « Swampy »), et qu’on s’incline devant son inspiration de génie (« Shhhy », « You Right »), pourtant totalement incompréhensible parfois (« Bulk Gummies », « Mutumbo »). Le duo continue donc sa quête du mariage parfait entre hip hop expérimental et breakcore, cette fois plus radical bien qu’une oreille attentive y remarquera quelques soubresauts jazz ou soul parvenant à se faire entendre au sein de ce déluge de convulsions bruitistes. De quoi promettre à ce « Belly » une digestion plus aisée que celle de « Scavengers » qu’on aurait peut être moins supporté s’il avait été aussi long (35 minutes), et au groupe de voir son talent plus médiatisé que lors de sa première salve annonciatrice. Une juste récompense pour un tel effort d’originalité
Ecoutez un extrait ici.
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