Fontanarosa – ‘Take a Look At The Sea’

Fontanarosa – ‘Take a Look At The Sea’

Album / Howlin Banana / 19.04.2024
Indie pop

Fontanarosa, à l’origine l’oeuvre d’une seule personne, Paul Verwaerde, est devenu depuis l’enregistrement de Are You There? en 2022 un véritable groupe découvrant progressivement sa personnalité musicale et révélant par là-même ses précieuses qualités. Take A Look At The Sea, le nouvel album, voit à présent Paul (Guitare, chant), Gregoire Cagnat (basse), Kevin Lafort (guitare), et Florian Adrien (batterie) proposer douze nouvelles merveilles, dont l’éclat évite toute ostentation racoleuse pour se diffuser avec une étonnante et exquise délicatesse. C’est sans doute l’une des grandes qualités de Fontanarosa : valoriser un sens de la mesure capable de maîtriser les émotions pour mieux faire de leur expression un ensemble véritablement harmonieux.

Beaucoup de morceaux de ce second opus ressemblent à certains paysages italiens, dont la juxtaposition rigoureusement ordonnée des éléments produit un tout équilibré dont la beauté inspire une profonde sérénité : au premier plan un lac, sur ses rives quelques palais s’inspirant avec goût de l’Antiquité, à l’arrière plan quelques collines surmontées, ça et là, de cyprès élevant le regard vers un fond dominé par une chaîne montagneuse, le tout baigné d’une lumière égale. Chez Fontanarosa, dont le nom évoque ces lieux méditerranéens dont l’antique splendeur n’est jamais aussi saisissante qu’en fin d’été, lorsqu’ils exhalent les regrets des jours ensoleillés, les instruments structurent également un espace sonore dans lequel chacun rentre en communion avec les autres, et où le chant, parfaitement posé, diffuse avec élégance sa sensibilité. Il y a beaucoup de mélancolie ici, comme sur Are You There?, mais sans aucune complaisance et avec, au contraire, une retenue de bon goût qui permet d’équilibrer les appels nostalgiques par une attention toute particulière au présent, où affleure beaucoup de tendresse et de bienveillance.

Take A Look At The Sea est nettement plus aéré que son prédécesseur, sans pour autant se perdre dans les grandes ouvertures ménagées par les différents morceaux. Il y a même un paradoxe avec ceux-ci : rigoureux dans leur construction, nets, clairs et précis dans leur rendu sonore, ils ne se replient jamais sur eux-mêmes mais, au contraire, stimulent sans cesse l’imagination en éveillant des souvenirs de paysages marins ou montagneux, dégageant ainsi l’horizon pour se confronter à l’infini. Et la voix de Paul Verwaerde, chargée de présence, est cet ancrage à partir duquel cette forme d’évasion peut se déployer en ayant toujours l’assurance de revenir à son point d’origine afin d’y déposer ses trouvailles, garantissant ainsi qu’elle ne soit pas une vaine distraction mais bien une possibilité de réenchanter le réel. Cette fuite vers l’ailleurs font des morceaux les plus calmes de ce second album de touchants moments de contemplation – et l’on reste par exemple subjugué par ce petit miracle de raffinement mélodique qu’est In The Meantime – mais elle apporte également aux titres plus rythmés comme Untie ou Dear Rising Down une dimension classic pop qui les font dévier de l’indie rock que l’on retrouvait de façon plus évidente sur Are You There?.

Finalement, Fontanarosa livre avec Take A Look At The Sea une œuvre dont la dimension cosmique invite aussi bien à la rêverie qu’à la méditation. C’est de cette manière que ce second album des lyonnais parvient à s’ancrer profondément dans le présent, intensifiant le rapport à celui-ci lorsque la musique s’accélère, ou, à la faveur de ralentissements, le dilatant pour qu’il absorbe ce qui doit compter du passé et ce qui est espéré de l’avenir. Et de cette belle harmonie de l’ensemble scintille, inespéré, ce ‘je ne sais quoi’ que l’on a pris l’habitude d’appeler la grâce.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Heartland, In The Meantime, Endless Tracks, What A Day

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