01 Août 20 Fontaines D.C. – ‘A Hero’s Death’
Album / Partisan / 31.07.2020
Rock
‘Je n’appartiens à personne / Je ne veux appartenir à personne’. C’est par ces mots que résonne le titre d’ouverture de ce nouvel album de Fontaines DC, sorte de déclaration d’indépendance envoyée à tous ceux qui pensaient enfermer le groupe de Dublin dans une case bien précise. Forts du succès bien mérité de leur acclamé premier album Dogrel, ainsi que des longues tournées qui suivirent, les cinq irlandais sont bel et bien de retour pour ce qui est devenu très commun d’appeler ‘la difficile étape du second album’.
Si à peine plus d’un an sépare A Hero’s Death de son prédécesseur, ce nouvel opus n’a pourtant pas grand chose à envier à son grand frère tant la proposition est différente cette fois ci. L’urgence et la rage qui faisaient la grande force de Dogrel sont ici partiellement mises en sourdine pour laisser (déjà) entrevoir une nouvelle facette du groupe, plus posée, sombre et intérieure. Grian Chatten et ses comparses semblent avoir mélangé les souvenirs de leur Irlande natale à celles des routes américaines qu’ils ont sillonné ces derniers mois. Ils ont puisé leurs influences et leurs pensées dans la mélancolie des tournées incessantes et dans la surprise d’un succès peut-être trop fulgurant, pour accoucher ici de quelques performances dignes des plus belles perles issues du royaume britannique. Soyons clairs : tout l’intérêt de ce nouvel album réside non pas dans ses morceaux les plus énergiques mais bel et bien dans ses ballades.
Plus mature et décidé que jamais, le groupe affiche son amour délicat pour les textures et les arrangements, ainsi qu’une certaine noirceur profonde à laquelle il nous avait peu habitué. Pour l’énergie mettons donc de coté les poussifs Love Is The Main Thing, A Lucid Dream, I Was Not Born, ainsi que ce passable Living In America qui ne détrônerait même pas la bande son de James Brown pour Rocky IV, et profitons des trois très bons premiers singles que sont I Don’t Belong, Televised Mind et A Hero’s Death. Pour le reste, c’est un tout autre monde. On croirait entendre la voix de Morrissey sur les premières notes du délicieux You Said, alors que c’est le fantôme de Leonard Cohen qui semble planer sur la magnifique valse Oh Such A Spring. On tombe d’amour pour la délicate conclusion No, mais c’est en écoutant une perle comme Sunny qu’on s’imagine comment aurait pu sonner le Modern Life Is Rubbish de Blur s’il avait été revisité et dirigé par Brian Wilson des Beach Boys.
Il n’y a en définitif aucune réelle surprise ici. En groupe intelligent qui se pose les bonnes questions, Fontaines DC consolide ses bases, mais se permet avec classe et subtilité d’entrouvrir quelques portes pour insuffler de la nuance et de la profondeur à sa musique. Quand on lui demande pourquoi il se cantonne à faire toujours la même musique album après album, Noel Gallagher rétorque : ‘pourquoi sortirais-je des sentiers battus si je m’y sens bien ?‘. Nul ne sait vraiment jusqu’où iront les membres de Fontaines DC dans leur soif de découvertes et de changements, mais il semblerait que, dans leur tête, la question elle est vite répondue.
A ECOUTER EN PRIORITE
I Don’t Belong, Televised Mind, You Said, Oh Such A Spring, A Hero’s Death, Sunny, No
Prof
Posted at 19:58h, 01 aoûtCe groupe vient de Dublin. Ils ne font donc pas partie du royaume britannique.