Föllakzoid – ‘I’

Föllakzoid – ‘I’

Album / Sacred Bones / 01.08.2019
Transe minimale

Avec Follakzoïd, tout est subtil et conceptuel. On connaissait le goût du groupe pour un kraut très mathématique, étalant de longues pistes sombres lentement et délicieusement évolutives à la manière d’algorithmes implacables. Pour I, il atteint des sommets d’intellectualisation, oubliant même la musique en chemin. 

Dépouillement, logique, reconstruction… Tout le manifeste de ce quatrième album nous est donné à voir dès sa pochette noire, d’une sobriété admirable, traversée d’une colonne de chiffres minuscules inscrits à l’envers, qui n’est pas sans rappeler la mythique couverture du Unknown Pleasure de Joy Division. Et nul besoin de première écoute de ces quatre titres sobrement numérotés, de près d’un quart d’heure chacun, pour comprendre qu’on a affaire à un travail extrêmement produit.

Le – désormais – duo chilien emmené par Domingæ Garcia-Huidobro a révolutionné sa façon de faire : elle abolit ici le hasard et l’humain, porte à son paroxysme l’idée de produit d’une industrie culturelle, et va jusqu’à se passer de la notion de groupe. En effet, les différentes parties de guitares, voix, machines et percus traversant le disque ont toutes été échantillonnées indépendamment, en vrac, isolément, puis confiées à un tiers, le producteur Atom TK, chargé de monter quatre pistes distinctes avec tout ce matériel.

D’ordinaire familier chez les producteurs électro habitués aux atmosphères recomposées, ce processus de travail est beaucoup plus surprenant de la part d’un groupe de rock. De fait, le son du Follakzoïd nouveau s’en ressent immédiatement. Si le souci de la boucle obsédante et de la rythmique progressive reste intact, l’évolution des sonorités du duo devient anecdotique, à la marge, moins variée, provoquant un lassitude imparable. L’album est finalement long et monolithique, peu musical, ses rares échantillons de guitares ne remplaçant pas des riffs joués in vivo, et ce bref gargouillis de voix abandonné sur le dernier titre finit de marquer un certain manque d’inspiration.

Certes, entrer dans l’album est facile, le groupe conserve ce savoir-faire hypnotique qui nous glisse dans la transe, et donne cette impression d’être un caillou qu’on jette dans un lac pris dans de larges ondes vibrantes et concentriques. Mais à trop sophistiquer leur production, les chiliens ont oublié que, pour une transe musicale, il fallait de la musique. Et que les ondes sur le lac, si on ne les entretient pas, à la longue, se dispersent.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
I, IIII


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