Foals – ‘Everything Not Saved Will Be Lost, Part 1’

Foals – ‘Everything Not Saved Will Be Lost, Part 1’

Album / Warner / 08.03.2019
Rock


Comment grandir encore, ou simplement rester au sommet, quand on a déjà tout eu ? A chaque nouvelle livraison de Foals, il y a la peur de la déception, de la suffisance, de la lassitude. Alors que sort Everything Not Saved Will Be Lost, Part 1, le désormais quatuor londonien montre encore son incroyable science, trouvant le compromis parfait entre un son reconnaissable entre mille et des inflexions sensibles à la marge. Du grand art !

Tout paraît facile avec Foals. Pourtant, à la suite de son épuisante dernière tournée, le groupe a vu le départ de son bassiste, menaçant l’équilibre d’une formation ou chaque instrument est joué par un surdoué inspiré. Les quatre membres restants ont alors décidé de se passer de ces lignes profondes et frénétiques autant que possible, et le son du nouvel album a naturellement pris des nuances plus synthétiques.

De même, au moment de retourner composer, le ténébreux leader Yannis Philippakis a choisi de travailler sans producteur. Les poulains ont grandi et veulent qu’on leur lâche la bride. Moins d’objectifs, moins de contraintes ‘marchandes’ pesant sur le groupe, les musiciens s’offrent un rapport à l’espace et au temps beaucoup plus vaste, qui se traduit d’abord par la sortie de la seconde partie de l’album déjà annoncée à l’automne prochain. Ensuite, s’ils gardent dans les compositions ce goût des montées fulgurantes, des beat-breaks, et des explosions de colère concentrées sur cinq minutes, ils ne systématisent plus la formule, et Everything Not Saved Will Be Lost, Part 1 gagne ainsi en réflexion et en ténèbres. Les mots de Philippakis n’en sont que plus percutants, frappés d’ironie ou de résignation, quand il souligne les absurdités économiques, politiques ou environnementales dans lesquelles nous nous enfonçons.

Sombre et édifiante, l’ouverture Moonlight et son mantra spatial ‘be lightweight when I roam‘ invite, comme l’Enfer de Dante, à suivre le groupe dans un lieu sans espoir. La descente se poursuit avec le tube Exits, rock métronomique infini et glaçant, puis avec l’explosif White Onions, certes pas le plus inspiré des titres de l’album, mais un des plus efficaces néanmoins. Après ces mises en bouche graduelles, Foals déroule son savoir-faire avec Degrees aux ruptures et scintillements taillés pour le dancefloor, puis avec Syrups, sublime montée sidérale vers une rage binaire, et le déjà classique On The Luna.

La fin de l’album annoncerait-elle enfin quelques évolutions à venir ? Cafe d’Athens est le titre le plus surprenant, avec ses marimbas enveloppant la voix machonnée de Philippakis, posée entre trip-hop et psychédélisme. Puis Sunday, merveille mélodique qui se termine avec un énorme pied binaire et des choeurs de stade de foot noyant les hurlements désespérés (‘Time away from me is what I need to clear my sight and clear my head‘), s’affirme également avant que Foals referme le premier acte de son année sur le mélancolique I’m Done With The World (& It’s Done With Me) aux accords épuisés de piano bar. Jamais le monde n’aura paru si noir et réjouissant à la fois.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Exits, Syrups, On The Luna, Sunday


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