29 Oct 12 Flying Lotus – « Until The Quiet Comes »
Album
(Warp)
22/10/2012
Bass Music
Pas facile d’appréhender un nouvel album du trop rare Flying Lotus… En 2006, avec « 1983 », alors qu’il était sur le point de donner naissance à un mouvement, il était facile de s’emballer et de coller toutes sortes d’étiquettes sur les premiers travaux de ce pionnier. Aujourd’hui, via son label Brainfeeder notamment, la muse a touché tellement de disciples qu’il est maintenant difficile de différencier un producteur d’un autre, et de savoir à quoi ressemble un bon album du genre. Inconsciemment, on attendait peut être de lui que, en cassant les codes et en opérant quelques mutations incongrues, il indique à ses poulains la direction à prendre pour qu’ils arrêtent de tourner en rond. En fait, non. Ici, Flying Lotus, c’est un peu le grand-père qui raconte une histoire à ses petits-enfants au coin du feu. Troquant la pipe, les pantoufles en daim et le gilet de laine contre une allure de rappeur américain, l’instrumentiste ne fait que rassurer les troupes en s’imposant définitivement comme une force tranquille. C’est donc sur le même schéma que le symbolique « Cosmogramma » qu’il construit ce « Until The Quiet Comes » armé d’une grosse quinzaine de titres (globalement courts et efficaces), de featurings nobles, et d’une balance parfaite entre puissance et délicatesse.
Comme s’il voulait calmer le jeu et remettre de l’ordre, Steven Ellison place la mélodie au centre d’un disque qui pourrait presque voler la vedette à son prédécesseur grâce à de sublimes morceaux (le liquide « Me Yesterday//Corded » ou l’épuré « Heave(n) »). Fait marquant – rappelons que les Coltrane apparaissent dans son arbre généalogique – le jazz occupe ici une place de choix, à l’image de l’éthéré « All In », du futuriste « All The Secrets » ou du trop court « Only If You Wanna » où le duo basse/batterie donne un cachet singulier à ce style qui se cantonne trop souvent aux machines et aux vibrances analogiques. Attention, le producteur de L.A. ouvre néanmoins quelques parenthèses qui tâchent le col de la chemise. Parmi elles, l’anecdotique trip 8-bits « Putty Boy Strut », le gras « Sultan’s Request » ou la house psyché de « The Nightcaller » qui termine agréablement sa course dans une flaque de boue.
Au-delà d’être un ensemble cohérent de pièces instrumentales, l’album reste évidemment un terrain propice aux collaborations vocales, à tel point que certain(e)s vont finir par décrocher leur carte de membre au club Flying Lotus. Parmi eux, on retrouve une nouvelle fois Thom Yorke qui signe sur « Electric Candyman » sans doute l’une de ses collaborations les plus bancales. Aussi, entre la voix de Niki Randa qui, face à la lourdeur des beats, s’inscrit parfaitement dans ses mélodies cristallines (le superbe « Getting There »), et celle de Laura Darlington qui flotte sur le ballet hanté qu’est « Phantasm », FlyLo n’oublie pas non plus d’inviter son pote Thundercat sur « DMT » et de faire sensation avec le single « See Thru To U » qui place la douce Erykah Badu sur un piédestal fait de mousse et de marbre…
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