Fleet Foxes – ‘Shore’

Fleet Foxes – ‘Shore’

Album / Anti / 22.09.2020
Folk

Fleet Foxes entretient une relation très particulière avec le temps, de celles que les stratèges marketing de la musique n’apprécient guère. En effet, en 2017 pour la sortie de Crack Up, le groupe emmené par Robin Pecknold ne leur laissait qu’une petite semaine pour se retourner. Trois ans plus tard, les bougres ont compressé plus encore les délais, les ramenant à quelques jours appuyés par un teasing mystérieux. C’est donc du jour au lendemain ou presque, mais bien calé sur l’équinoxe d’automne, que Shore s’est glissé dans les écouteurs de tous les amoureux de pop folk, impatients de découvrir ce que le collectif de Seattle leur avait préparé durant ces quelques mois de confinement affectant inévitablement l’art de chacun.

Etonnamment, et alors qu’il avait tout loisir de donner suite à la complexité, aux expérimentations de ses deux précédents albums et leurs compositions à tiroirs s’étendant bien au delà des durées conventionnelles, Robin Pecknold a choisi de revenir ici à l’essentiel, à un registre plus pop et plus simple. Pour cela, la méthode a changé, le frontman du groupe ayant cette fois choisi de prédéfinir le tempo de chaque morceau avant même de le composer : un bon moyen de mêler musique et réflexion sans tomber dans le cérébralisme à outrance, mais aussi d’assurer à son nouvel album une digestion parfaite. C’est donc sur cette base que le songwriter – entouré de quelques acolytes, dont un Chris Taylor libéré temporairement de Grizzly Bear – a choisi de concilier ballades frissonnantes (Featherweight, For a Week or Two, I’m Not My Season) et morceaux étonnamment relevés (Young Man’s Game, Quiet Air/Gioia), pour mieux s’adonner à ce qu’il préfère en musique : écrire ses plus belles mélodies, avant d’y inviter des paroles majoritairement écrites après le confinement, et donc frappées d’un thème récurrent – l’échappée, au sens propre ou figuré – comme de pointes de ressentiments face à la situation vécue par la quasi totalité de la population mondiale.

De fait, Shore est comme une grande bouffée d’air frais, humectée par quelques rares bruines automnales, et on ne sait finalement plus très bien s’il est ce que Fleet Foxes a de plus prévisible, ou si le groupe nous livre là ce qu’on a toujours attendu de lui, y compris lorsqu’on saluait sa volonté d’emmener son folk battre de nouveaux sentiers. Ici, des mélodies aux instrumentations en passant par le chant et les arrangements de cordes ou cuivres, tout coule de source, tout fonctionne à l’évidence.

A peine déstabilisés par l’entame Wading In Waist-High Water sur laquelle le chanteur a choisi de laisser le micro à l’inconnue Uwade Akhere, on se jette donc confiants et sereins dans une enfilade de perles pop folk qui nous renvoient aux ambiances du premier album, la maitrise de l’art décuplée. De Sunblind, ode aux souvenirs ancrée dans l’ADN Fleet Foxes, aux refrains lumineux de A Long Way Past the Past et Maestranza, en passant par Can I Believe You sur lequel il prouve – s’il le fallait encore – ses grandes qualités de chanteur et de mélodiste, Robin Pecknold s’applique d’un bout à l’autre de Shore à le faire briller de mille feux pour de nombreuses années à venir, et à en faire ainsi un véritable chef d’oeuvre du genre.

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ECOUTE INTEGRALE

ECOUTER EN PRIORITE
Sunblind, Can I Believe You, A Long Way Past The Past, For a Week or Two, I’m Not My Season


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