15 Fév 10 Field Music – « Measure »
Album
(Memphis Industries)
15/02/2010
Rock pompeux
Pour les béotiens, Field Music est un projet articulé autour d’une fratrie – la Brewis family – assuré il y a quelques années d’un avenir plutôt prometteur par la critique, séduite par leur premiers albums, l’éponyme et « Tones of Town ». Le duo, entouré d’un bassiste et d’un guitariste, revient après trois années de sommeil, loin d’être neurasthénique puisque les frangins se sont chacun envolés vers d’autres projets, New Tellers et The Week That Was. Le nouveau né s’intitule « Measure » et révèle à nouveau l’ambition démesurée de la formation, probablement une déformation familiale.
Vingt morceaux émaillent cette ultime sortie, longue de soixante-dix minutes de révision de l’histoire du rock’n’roll. Field Music ne fait pas dans la demi-mesure avec cet album presque concept, sonnant comme la volonté d’interpréter un héritage musical de plus de trente ans. Tout y passe: standards pop, envolées progressives et/ou psychédéliques, ou hommages post-punk, pas grand chose ou presque ne nous est épargné. En fait, « Measure » s’apparente presque à une master-class de jeunes prodiges un peu péteux, voulant prouver que qui que vous soyez – Talking Heads, XTC, King Crimson ou Led Zeppelin – ils le font mieux que vous, et en un seul album. L’affront pourrait s’avérer payant si nous n’avions pas l’impression d’assister à un grand rite onanique familial. Et à moins que leurs illustres références ne déclarent forfaits, j’imagine mal qu’ils puissent jouir tranquillement.
Pour autant, l’exquise pomme est loin d’être pourrie: « Clear Water » pourrait être un des tubes les plus pop de QOTSA, « Let’s Write a Book » ne serait pas renié par TV On The Radio et « Precious Plans » serait probablement jalousé par McCartney. Malheureusement, quitte à être aussi pompeux que « Measure », je répondrais aux Brewis que Rome ne s’est pas faite en un jour et qu’il aurait été peut-être plus judicieux de le décomposer en plusieurs volets. Au lieu d’être brillant, l’ensemble se révèle plutôt indigeste. Une déception vraiment regrettable au regard du talent de ce présomptueux quatuor.
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