Father John Misty – « Fear Fun »

Father John Misty – « Fear Fun »

fath180Album
(Sub Pop)
27/04/2012
Pop folk

Il fallait que Josh Tillman ait une envie irrépressible de s’exprimer de nouveau en solo, et de se concentrer uniquement sur sa propre carrière, pour faire le choix de quitter ses Fleet Foxes à l’apogée de leur succès, ceux chez qui il s’est dressé derrière les fûts de 2008 à 2011. Après quelques albums sortis sous son nom qui lui ont fait glaner un succès d’estime certain, et après une période de dépression ou il retrouva goût à la composition en se lançant dans l’écriture d’un livre, il a donc mis toute son ambition au service de Father John Misty: un nouveau projet qui, pour la première fois vraiment, le voit véritablement prendre des risques, ou on l’entend meilleur chanteur que jamais (« Nancy From Now On »), au centre des compositions les plus orchestrées de sa discographie (« Now I’m Learning To Love The War » par exemple).

Et pour cause, alors qu’il comptait tout interpréter lui-même, Tillman a fini par approfondir sa collaboration avec le producteur Jonathan Wilson, et laisser quelques musiciens de Los Angeles contribuer au disque quand les deux se sont mis au travail dans la Cité des Anges. Définitivement accessible et telle une oeuvre profondément réfléchie, « Fear Fun » parvient néanmoins à semer le trouble: la faute à une ambiance générale à la fois sombre et mystérieuse qui ne fait que le rendre plus intriguant et passionnant encore. Celle qu’on avait déjà pu gouter en amont avec « Hollywood Forever Cemetery Songs », une ballade électrique du plus bel effet mais trompeuse tant elle fait finalement figure d’exception au sein de titres majoritairement pop folk, ancrés dans une certaine tradition, plus lumineux aussi.

« Fear Fun » se laisse ainsi découvrir au fil des écoutes, révèle progressivement ses petits secrets, mais ne peut cacher plus longtemps le plaisir que le songwriter de Seattle a pris à l’orchestrer et à l’arranger, avec cette conscience permanente de ne jamais en faire une oeuvre indigeste ou trop expérimentale. Parfois marqué par une certaine sinistrose (« Fun Times In Babylon », « O I Long To Feel Your Arms Around Me »), cet album évite néanmoins de se laisser gagner par la tristesse, en usant de magnifiques mélodies (« Misty’s Nightmares 1&2 »), et en multipliant les ambiances agréables: road trip sur « Writing a Novel », bluegrass sur « Well, You Can Do It Without Me » et « Tee Pee’s 1-12 », orchestrales sur « Only Son Of The Ladiesman » et « Every Man Needs a Companion » qui laissent mesurer l’influence de l’homme sur les compositions passées de Fleet Foxes. Une nouvelle preuve que les artistes livrent souvent le plus beau d’eux-mêmes dans la souffrance.

En écoute intégrale

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