Fabiola – ‘The Mushroom Type’

Album / Figures Libres / 21.02.2025
Art pop

Entre deux nuages, Bruxelles est aussi, parfois, une ville de soleil. ‘Les gens du Nord ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors’ chantait un certain Enrico tout sauf rock’n’roll.

La superbe entrée en matière Watery Base pose les fondations d’une pop flamboyante teintée de shoegaze, portée par la voix limpide du leader Fabrice Detry. Éclairante, assurément planante, cette première piste ferait presque office de trompe l’œil si elle ne nous emmenait pas vers un univers qui se révélera de plus en plus lumineux. À la fois funky, enlevés et ironiques, électriques ou plus électroniques, les dix morceaux de ce nouvel album lorgnent vers une tropicália psychédélique qui lui sied à merveille. L’évidence de certaines mélodies et le mariage assumé entre production tonitruante et éléments lo-fi rappelle les plus belles heures, au choix, de Gorillaz, Phoenix, Tame Impala, Baxter Dury ou Metronomy. Souvent optimiste, toujours ludique, la musique de Fabiola sait s’habiller de couleurs aussi séduisantes (The Nail On The Head) que variées (la parenthèse instrumentale aux accents trad d’Hetomesnil), histoire d’être la plus belle pour aller danser. Si ne fallait retenir qu’un seul titre, véritable synthèse des univers visités par le groupe, ce serait alors le bien-nommé The Freak : non loin des expérimentations pop de Stereolab, ce morceau profondément psychédélique nous fait voyager de la transe à l’introspection, de l’euphorie à la mélancolie. Il y a du Cannibale et du Rank-O dans tout ça, et on se réjouit de voir ces formations arpenter des territoires à la fois si solaires et délicieusement foutraques.

Palette de couleurs d’une grande inventivité évoluant dans un univers aussi sensible que barré, Fabiola nous livre un trip sous champignons que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

Photo : Morgane Delfosse