28 Sep 22 Ezra Furman – ‘All Of Us Flames’
Album / Anti / 26.08.2022
Glam-punk
Si Ezra Furman est connue comme étant la principale compositrice de la B.O. de Sex Education, série Netflix au regard aussi ouvert qu’aiguisé sur les relations d’american teenagers, son nouvel album hors bande-originale était particulièrement attendu, trois ans après le très punk-rock Twelve Nudes. Le sens inné de de l’américaine pour la composition et les mélodies n’est plus à prouver depuis Day Of The Dog et Perpetual Motion People, deux long-formats regorgeant de titres aussi poignants par leur textes, que bouleversants par les intensités cathartiques qu’ils ont à offrir.
Dès l’inaugural Train Comes Through, la singularité de Furman prend corps, tant dans les textes (We sense frequencies you’d never hear or think to pay attention to) que dans les arrangements et la production de John Congleton. Démonstration avec cet effet de jeu de pitchs sur les synthés qui vient faire vaciller la structure du titre, comme pour souligner le déraillement à venir du train dont il est question : celui pour lequel le coeur brisé du narrateur fait office de ticket, et allégorie des discriminations, au gré de ceux passant et dans lesquels nous ne sommes pas invités à monter.
Furman tire une grande fierté de sa marginalité. Une fierté revendicatrice tout autant qu’un état des lieux sentimental et politique, désespéré. Que ce soit historiquement en raison du judaïsme, ou quotidiennement pour des questions de genre, son sentiment d’être une paria traverse ses paroles tout autant que sa musique. Non sans espoir de revanche. La rage qui en découle fait partie inhérente de sa force, mais jamais elle n’a été aussi palpable que sur ce dernier opus.
Furman fait ainsi partie de cette lignée de songwriters queer qui, de Bowie à Anhoni, a la faculté d’absorber la quintessence pop d’un titre et de la digérer pour en faire une composition unique. Plutôt que de viser les charts, elle aime détraquer des parcelles de ses titres par des distorsions, un vumètre dans le rouge, des grésillements… Autant de stratégies qui l’éloignent des hits radio autant qu’elles la rapprochent d’une écriture propre, désespérément singulière.
All Of Us Flame est un livre ouvert sur les luttes quotidiennes de sa compositrice, et ses titres forment un archipel de rage (Forever In Sunset) de fragilité (Ally Sheedy In The Breakfast Club), et d’une sensibilité en permanence sur la corde. Sorte de Candy – du titre Candy Says du Velvet – incarnée en songwriter des années 2020, Furman relate ici autant ses sorties d’hôpital psychiatrique que ses expérience sexuelles express avec des inconnus, sur fond d’une musique héritée des pianos-bar (Throne), de ballades pop qui n’ont rien à envier aux maitres du genre (Temple Of Broken Dreams), ou d’un folk DIY bouleversant de détresse, comme sur Come Close où elle invite le seigneur à éteindre sa clope pour se rapprocher d’elle et des coeurs brisés.
Le seul étonnement à l’écoute de All Of Us Flame réside finalement dans la notoriété trop relative de Furman, là ou nous y entendons avec assurance l’une des songwriters les plus douées et poignantes de sa génération. Une sous-estimation peut-être liée au fait que, comme elle le chante, The Human Mind Is A Pile Of Shit.
A ECOUTER EN PRIORITE
Train Comes Through, Point Me Toward The Real, Ally Sheedy In The Breakfast Club
No Comments